L'Allemagne à l'heure autrichienne

Fin de l’exception allemande : le 4 septembre, le navire Merkel s’est fait prendre dans les glaces électorales. Lors des élections régionales, le parti d’extrême droite a remporté un succès électoral majeur dans la propre circonscription de la chancelière.

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Alors que Hollande aura passé tout un quinquennat à caboter le long des rivages politiques, Merkel, elle, se sera efforcée de trouver le passage. Le passage entre l’Union européenne et un Hinterland allemand jadis appelé Europe de l’Est ; le passage entre l’économie sociale de marché et le bouleversement des conditions de travail ; le passage entre l’ouverture des frontières pour contenter le patronat allemand et la demande de sécurité et de protection des salariés les plus modestes. Or, dimanche 4 septembre, le navire Merkel s’est fait prendre dans les glaces électorales avec les élections régionales en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (quelque part près du grand-duché de Gérolstein) où se trouve sa propre circonscription électorale. Le parti d’extrême droite, Alternative für Deutschland (AfD), a, en effet, remporté un succès électoral majeur dans ce Land de l’ex-RDA.

Une claque à la CDU, le parti de la chancelière, à un an des législatives et à deux semaines des élections du 18 septembre à Berlin où l’AfD est déjà créditée de 14 % dans les sondages. Merkel peut se consoler en relevant que sa formation n’est pas la seule à obtenir un mauvais score. L’allié SPD, les sociaux-démocrates, recueille environ 30 % des voix, mais c’est cinq points de moins qu’en 2011. Ainsi, trois ans seulement après sa création, l’AfD est désormais représentée dans neuf des 16 Länder avec ses succès électoraux dans trois régions au printemps, dont son record de 24 % en Saxe-Anhalt (Est) et elle s’affirme comme la troisième force politique outre-Rhin. «Désormais, l’Allemagne a ce qui n’avait jamais existé depuis la fin de la guerre (en 1945) : un parti d’extrême droite», a écrit le quotidien Die Welt. La fin de l’exception allemande.

Dans le journal le Monde, Thomas Wieder reprend une étude extrêmement intéressante publiée le 24 août 2015 par l’Institut allemand pour la recherche économique (DIW)**. Etude menée chaque année depuis 1984 auprès d’environ 12 000 foyers et qui «identifie les catégories d’électeurs auprès desquels l’AfD a le plus progressé entre 2015 et 2016. C’est d’abord le cas des chômeurs (15 % se disent proches du parti, 4 % en 2015), des ouvriers (11 %, + 6 points), des moins de 30 ans (10 %, + 5 points)». Cela au détriment de toutes les formations, mais surtout au détriment de la gauche radicale allemande, Die Linke. Cela ne vous rappelle rien ?

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Un seul élément est sûr dans ce paysage européen de plus en plus mouvant : dans l’histoire de l’Allemagne, ce n’est jamais une très bonne chose quand le pays se met à l’heure autrichienne.

*Le Monde du 5 septembre 2015. 

 


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