Face à Sarkozy, Copé (re)joue l’innocent de service

Le député-maire de Meaux est le seul candidat à la primaire de la droite à avoir réagi à la demande de renvoi de Nicolas Sarkozy en correctionnelle, lundi. Une nouvelle occasion de raconter son histoire, celle d’un homme injustement mis en cause puis innocenté… contrairement à son adversaire.

Les candidats à la primaire de la droite se sont montrés très discrets lundi, lorsqu’on apprenait que le parquet de Paris souhaitait le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy dans le cadre de l’affaire de l’explosion de ses comptes de campagne en 2012. « Je n’ai aucun commentaire à faire », a balayé son principal rival, Alain Juppé. Pas de réaction non plus chez les autres candidats… sauf Jean-François Copé, qui s’est précipité dans la soirée sur le plateau de BFMTV pour souligner que, si l’étau se resserre autour de Sarkozy, c’est qu’il se desserre autour de lui. « Cela vient confirmer une nouvelle fois mon innocence totale dans cette affaire », a martelé le député-maire de Meaux, ajoutant :

« Aujourd’hui, c’est une nouvelle fois redit : que je ne suis plus concerné par cette affaire, que je ne suis pas mis en cause, que je suis innocenté, et vous l’avez donc vu, je ne suis pas dans la liste des personnes qui seraient susceptibles d’être renvoyées devant un tribunal correctionnel. »

Il est vrai que Jean-François Copé revient de loin. Le feuilleton judiciaire dans lequel Nicolas Sarkozy est empêtré a commencé en février 2014 par une couverture du Point titrée « L’affaire Copé ». Celui qui est alors le patron de l’UMP est accusé d’avoir favorisé la société Bygmalion, fondée par ses proches Guy Alvès et Bastien Millot. Mais petit à petit, les langues se délient et il apparaît que l’affaire trouve son origine dans l’explosion des comptes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Devant les enquêteurs, l’ancien président charge Jean-François Copé, mais ne convainc pas : en février 2016, ce dernier ressort de chez les juges avec le statut intermédiaire de témoin assisté, et n’est donc pas mis en examen.

« Jeté aux piranhas »

Quelques jours plus tard, Jean-François Copé annonce sa candidature à la primaire de la droite. « C’est une épée de Damoclès qui a disparu. Jamais je n’aurais imaginé être candidat si j’étais mis en examen », déclare-t-il sur un ton solennel. Une pique en règle contre Nicolas Sarkozy, répétée maintes fois depuis. Car cette mise hors de cause est devenu le nouveau fil rouge de l’ancien patron de l’UMP. La cruelle histoire d’un homme « jeté aux piranhas », comme il ne craint pas de l’affirmer, et qui travaille désormais « à la réhabilitation de (s)on honneur ».

Pour l’instant, le storytelling copéiste ne prend pas tellement : son score dans les sondages reste famélique. Mais sa victoire de l’été, c’est d’être parvenu à réunir les parrainages nécessaires pour se présenter à la primaire, comme il l’a annoncé le 2 septembre à La Provence. Ce qui lui donnera l’occasion de continuer à jouer son rôle d’innocent opprimé face à un Nicolas Sarkozy désormais directement menacé par un procès. « Il est là pour cogner sur Sarko », confiait un député Les Républicains en juin. Il ne sera probablement pas le seul à le faire sur le terrain judiciaire, puisque François Fillon a lui aussi sonné la charge par une petite phrase très remarquée le 28 août : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? »

Et après ? A droite, beaucoup – y compris parmi ses proches – voient ensuite Jean-François Copé se rallier à Alain Juppé si ce dernier se qualifie pour le second tour de la primaire. Il est vrai que si l’ex-patron de l’UMP continue à attaquer Nicolas Sarkozy sur ses ennuis judiciaires – ce qu’Alain Juppé, condamné en 2004 dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, se refuse à faire – il aura donné un petit coup de main au maire de Bordeaux…

 

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