Que vont devenir les "Jardins d'Orient" à 500.000€ de l'Institut du monde arabe ?

Que vont devenir ces précieuses essences présentées par l’Institut du monde arabe pour son exposition « Jardins d’Orient » durant six mois ? A vingt jours de la fin de l’exposition, l’IMA est bien en peine de répondre.

Adieu, palmiers, oliviers, rosiers et orangers… Le 25 septembre prendra fin l’exposition temporaire «Jardins d’Orient» qui aura occupé pendant presque six mois l’esplanade de l’Institut du monde arabe (IMA). Question à 500 000 € – ce qui correspond à la valeur des 140 arbres et 355 arbustes (2 000 € l’olivier, selon nos informations) : que deviendra cette végétation une fois l’événement achevé ? A moins d’un mois de la date fatidique, l’IMA semble bien en peine de répondre à Marianne.

«Nous sommes en contact avec des associations, mais aussi avec le pépiniériste Gally qui nous a fait part de son intérêt. Nous avons même pensé donner [les plants] au public», assure Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du département des expositions. Qu’importe que la manutention de ces plantations de plus de 2 t, et de surcroît fragiles, ne soit pas une mince affaire et ne se programme pas du jour au lendemain… A l’IMA, on semble bien optimiste et peut-être aussi un peu je-m’en-foutiste. Pourtant, plus d’une semaine avait été nécessaire pour vider les semi-remorques qui avaient convoyé depuis la Sicile les précieuses essences.

Impasse sur le devenir des plantes

Car, comme l’appel d’offres le permettait, Piante Faro a remporté le marché avec une proposition de fournitures sous forme de mécénat. Bref : ça ne coûtait rien à l’IMA. Ça tombait bien : l’Italie a récemment adopté un régime fiscal tout aussi intéressant que le dispositif français pour ce type de don, soit 60 % de défiscalisation. Il suffit au mécène en accord avec l’organisme d’intérêt général de gonfler un peu la note pour que cette «générosité» devienne indolore, voire produise un bénéfice puisque 100 % du coût est dès lors supporté par les contribuables. Il faut croire que Piante Faro s’y retrouve question finances, car l’obsession de valoriser médiatiquement son don n’a pas été, loin s’en faut, au rendez-vous. «Pas de demande d’exposition», s’étonne Timothée Nicot, en charge du service presse de l’exposition. Résultat : un seul papier dans la presse italienne, rien en France, et pas même un serrage de louche avec Jack pour le patron italien. C’est dire.

Les promoteurs de l’opération, lancée par le biais de plusieurs appels d’offres début janvier 2016, ont fait étonnamment l’impasse sur le devenir des plantes constituant le jardin, alors qu’il était évident qu’à l’issue de l’exposition l’IMA se retrouverait mécaniquement l’heureux propriétaire de végétaux encombrants. Voilà qui interroge : l’IMA a d’emblée opté pour l’acquisition des plantes les plus onéreuses quand la location d’oliviers et de palmiers est une pratique courante. «Nous avons évoqué, en amont de l’opération, la location. Mais le paysagiste Michel Péna nous l’a déconseillée, au motif que c’était plus cher», se défend Aurélie Clemente-Ruiz. Pour le pépiniériste David Zinesi, spécialiste de ces essences, «ce qui coûte cher dans ce genre d’opération, c’est le transport. La location, cela veut dire facturer un aller et un retour. Mais, sur un tel volume et pour une location sur six mois, il y a un rapport de un à trois avec la vente».

Quoi qu’il en soit, si l’on trouve la documentation de tous les appels d’offres, nulle trace en revanche d’une offre de reprise de ce lot assez exceptionnel. On imagine mal Jack Lang, qui est aussi près de ses propres sous que de ceux de l’institut, laisser ces plantes finir en compost.

 

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