Julien Dray, l’homme qui murmure à l’oreille du Président, épingle dans un entretien à « Libération » « le bal des ambitions des ex-ministres » et incite François Hollande à se « lâcher comme il le fait en privé ». Le Baron noir est de retour.
Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France et intime du président de la République, en a gros sur la patate. Dans un entretien publié ce lundi 5 septembre dans Libération, il dit tout le mal qu’il pense d’Arnaud Montebourg et d’Emmanuel Macron, exhortant François Hollande à se fâcher contre ces deux ingrats. Le « Baron noir » (comme dans la série de Canal +) qui murmure à l’oreille du Président est de retour.
Au sujet des deux ex-ministres impétrants, Julien Dray s’interroge sur « cette génération qui a eu la chance incroyable d’être ministre – souvent sans en faire grand-chose – et qui à ce titre s’estime en droit de candidater à l’Elysée ». Dray évitant soigneusement de se demander si ces « ambitions » n’ont pas été largement nourries par l’interrogation sur la capacité du chef de l’Etat à faire gagner sa famille politique… Peu importe, pour lui, la priorité ne peut pas « être le bal des ambitions des ex-ministres ». Coïncidence, Arnaud Montebourg a justement salué ce dimanche le « courage » de Macron qui a « le mérite d’avoir des idées, qui ne sont pas tout à fait les (siennes). Il a aussi le mérite d’y tenir, ce qui est rare en politique, et de dire ‘je ne suis pas d’accord, je m’en vais' ».
L’ancien député de Paris s’attarde particulièrement sur le cas Macron. Pour lui, « c’est une histoire simple (…) Il impressionne et conquiert un espace politique. Et puis une fois qu’il a réussi, au lieu de passer à la phase deux, ll s’en va. Un petit monde parisien qui ne vit que de ça le repère et tous lui disent ce qu’il veut entendre : qu’il est le plus intelligent, le plus fort, le Kennedy du XXIème siècle. » Le syndrome classique du jeune premier qui prend la grosse tête à force de flagorneries… Serait-ce une auto-critique ? Car comme il l’explique ensuite au quotidien, Julien Dray a lui-même entretenu une relation très étroite avec l’ancien ministre, ayant avec lui des discussions qui duraient « des nuits entières ». Dray explique ainsi que « Macron, c’est une pépite. Il fallait discuter avec lui pour le ramener vers nous et profiter de sa modernité ». Mais le chercheur d’or a vu sa trouvaille lui glisser des mains… D’où une certaine déception.
Face à ces impudents, Julien Dray est bien décidé à motiver François Hollande qui selon lui « doit renverser la table ». Le visiteur du soir veut donc que le Président « se lâche comme il le fait en privé, qu’il prenne des risques en sortant de sa réserve présidentielle ». Selon lui, « si François Hollande veut être candidat, il faut que sa candidature ait un sens (…) Il doit revendiquer ce qui a été fait et dire à quel point il a appris, non pas que c’était dur mais combien le système dysfonctionne ». Autre piste selon lui, que le potentiel candidat, comme il fut « candidat de la jeunesse en 2012 », soit désormais « le défenseur de la France non pas communautariste mais métissée : celle des JO ». Prophétique, voire menaçant, Julien Dray estime que « le moment de la colère est venu, de la saine colère, comme disait Ségolène Royal. Sortons de la fatalité de l’alternance. »
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