A la tête de Lactalis, Emmanuel Besnier : pour vivre riche, vivons caché

Personne ne connaît le patron du leader laitier mondial, et c’est la loi du silence qui règne chez ceux qui l’ont côtoyé, l’homme cultivant le goût de la discrétion jusqu’à la paranoïa. Et les comptes du groupe sont tout aussi opaques. Portrait.

Qui l’a ? Même le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, concède ne pas posséder le « 06 » d’Emmanuel Besnier. Qui l’a déjà rencontré ? Même pendant le conflit l’opposant aux producteurs de lait, le patron de Lactalis est resté mutique, invisible, retranché. Il n’a rien changé à ses habitudes. Jamais dans la lumière. Et ceux qui l’ont côtoyé préfèrent se taire. Qu’ils soient ancien directeur, syndicaliste ou élu, ils refusent de lever le voile sur la personnalité du milliardaire le plus discret de France. « Je n’ai rien à vous dire », évacue Marcel Urion, le directeur général du groupe de 1987 à 1992 qui fut pourtant le conteur officiel de la saga Lactalis (1). « Vous comprendrez qu’il m’est difficile d’aborder ce sujet car c’est l’omerta la plus complète sur cette entreprise », s’excuse un ex-délégué syndical. Silence radio du côté du maire de Laval, le fief du clan Besnier.

Emmanuel Besnier a la réputation de ne pas être un tendreDresser le portrait de la 13e fortune de France (selon Challenges) aurait dû n’être qu’une formalité. D’ordinaire, tout riche PDG excelle dans l’art d’afficher sa réussite et les signes extérieurs qui l’accompagnent : sa collection d’œuvres d’art, son vignoble et son château. Rien de tout ça chez l’héritier Besnier, qui possède bien un château, mais cultive le secret jusqu’à la paranoïa. La rumeur locale raconte qu’il assiste aux matchs de foot du club mayennais sponsorisé par son entreprise dans une loge privée aux vitres teintées. Et lorsqu’il déjeune au bistrot de Paris, à Laval, c’est dans un salon privé à l’abri des regards. Voilà tout le paradoxe de ce quadra au physique ordinaire – d’après l’une des seules photographies disponibles – qui pilote dans l’ombre le premier groupe laitier mondial aux marques ultraconnues du consommateur : Président, Lactel, Roquefort Société, Bridel, Salakis… « J’entends dire qu’avec ses salariés il est exigeant, mais toujours correct, souligne Marcel Denieul, président de la chambre d’agriculture d’Ille- et-Vilaine. En revanche, dès qu’il entre en négociation, il a la réputation de ne pas être un tendre. »

A la table des discussions entre Lactalis et les syndicats agricoles à la préfecture de Laval, Emmanuel Besnier a mandaté ses sbires. « Des bac + 20 », ironise Philippe Jehan, président de la FDSEA 53, qui se sont montrés intraitables sur les prix, avant de concéder le 30 août, sous la pression des éleveurs, 33 € de bonus par tonne de lait. Pas de quoi égratigner le chiffre d’affaires de l’empire du lactose (estimé à 17 milliards en 2013), qui pratiquait les tarifs les plus bas du marché ; ni la cassette personnelle de son patron (autour de 6 milliards d’euros).

(…)

 

 

>>> Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro de Marianne en kiosques.

Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou au numéro via  et Android app on Google Play

 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply