Au Maroc, deux leaders islamistes arrêtés pour flagrant délit d'adultère

Deux responsables d’un groupe salafiste proche du PJD, le parti au pouvoir, ont été surpris en pleins ébats sexuels. Grosse gêne à un mois des législatives.

Ils ne font pas honneur au nom d’amants. Avec sa barbe en désordre et son rictus peu amène, Moulay Omar Benhammad, 63 ans, n’a rien d’un beau gosse. Fatima Najjar, 52 ans, avec son voile collé-serré sur un lourd visage furibard, n’est pas plus sexy. Ces deux individus passaient jusqu’ici le plus clair de leur temps à menacer de l’enfer les filles et les garçons tentés par les joies de l’amour sous le beau ciel marocain. La bouche laidement arrondie en cul de poule pour cracher des bribes de fatwa, l’ombrageuse Fatima affirmait dans ses conférences et ses vidéos que même le rire pouvait conduire à la « zina », la fornication. Quant à l’amer Omar, il était le vice-président du Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR), groupe salafiste très proche du Parti de la justice et du développement, au pouvoir.

Les desseins d’Allah étant impénétrables, ces deux êtres ont été saisis par les ravages du désir dans une Mercedes immobilisée près de la plage d’El Mansouria. Le voile frémissait, la barbe tremblotait, il n’y avait plus de fatwa qui tenait. C’est Eros qui faisait des siennes, le charmant dieu grec, en délicatesse avec le salafisme, ayant décidé d’allumer coquinement père et mère Fouettard. Mais les gendarmes passaient par là. Ils fourrèrent leur nez dans le véhicule en pleins transports. Au Maroc, on ne badine pas avec les bonnes mœurs, Fatima la sévère et le furax Omar étaient les premiers à dénoncer toute entorse à la pudeur. Le grand Sheitan, le diable du désir, voilà l’ennemi. C’est pour prémunir les Marocaines et Marocains de ces ardeurs hors mariage, hors foyer, hors voile et hors Coran, que le PJD doit mener le pays vers des horizons toujours plus vertement islamiques. Au MUR, les deux prédicateurs relayaient son discours auprès du peuple ; ce peuple qui doit voter le 7 octobre lors de législatives que les islamistes espèrent bien remporter.

Evidemment, la « posture sexuelle » verbalisée sur PV par la maréchaussée de même que la clandestinité des partenaires font très mauvais genre. D’autant que les coupables ont tenté d’acheter les gendarmes. Et qu’enfin le brûlant Moulay Omar est marié et père de sept enfants. La torride Fatima, elle, est veuve et mère de six enfants. N’étant pas mariés, ils se retrouvent adultères au regard de cette loi marocaine qu’ils jugeaient auparavant encore trop laxiste. Certes, l’épouse légitime de l’amant, complaisante, a renoncé à porter plainte. Plaidant la plus totale innocence, l’homme a juré qu’il avait contracté avec Fatima un de ces mariages coutumiers – strictement religieux – que lui autorise la loi coranique. Moulay Omar a même cité leurs témoins. Ils ont tous nié avec véhémence, le mariage coutumier étant officiellement banni au Maroc.

Les tourtereaux sont suspendus par leur parti. Mais l’un des ex-pontes du MUR, Ahmed Raïssouni, proteste en précisant que ces deux êtres purs étaient simplement occupés dans leur Mercedes «à se préparer au mariage». Le PJD, lui, fait courir la rumeur d’un complot. Le procès doit se tenir ces jours-ci. Mais Fatima est la seule à comparaître pour adultère. Blanchi par sa légitime, l’homme est absous. De là à ce que l’amante salafiste fasse sa mue féministe…

 

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