Peu d'amis et pas de programme : Macron à cloche-pied vers 2017

Il a démissionné du gouvernement ce mardi et se tient prêt pour la présidentielle. Mais pour le désormais ex-ministre de l’Economie, tout reste à faire ou presque…

Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, ils étaient plusieurs à le pousser vers la porte de Bercy pour se consacrer uniquement à ses ambitions personnelles. C’est chose faite. Le ministre de l’Economie a présenté sa démission à François Hollande, a annoncé l’Elysée ce mardi 30 août. Et il fait désormais peu de doute que l’ancien banquier d’affaires compte se présenter à l’élection présidentielle. Mais est-il vraiment armé pour s’embarquer dans cette galère ?

Un tout petit club de soutiens politiques

D’abord, qui sont les « macronistes » prêts à monter au front pour lui ? A ce jour, le futur ex-ministre s’appuie sur une petite équipe chargée d’assurer le storytelling autour de sa personne. Certains de ses conseillers ministériels ont quitté son cabinet pour rejoindre le mouvement « En Marche » qu’il a lancé en avril, comme Ismaël Emelien, l’une de ses principales éminences grises à Bercy. Pour avancer ses pions vers la présidentielle, Macron a aussi recruté la start-up Liegey Muller Pons, spécialisée dans la stratégie électorale, ou encore l’agence de communication Jésus et Gabriel. Il y a aussi les fameux « marcheurs » qui ont fait du porte-à-porte pour recueillir l’avis des Français sur la situation du pays. Emmanuel Macron compte également de nombreux relais dans l’univers patronal, qu’il a sans aucun doute mis à contribution lors de ses levées de fonds qui ont fait polémique au printemps. L’homme d’affaires Henry Hermand, rocardien ayant fait fortune dans la grande distribution, se pose comme l’un de ses mentors. Et son association « En Marche » a été domiciliée à l’adresse personnelle du directeur de l’Institut Montaigne, un think tank aux accents très libéraux…

Mais dans le monde politique, Emmanuel Macron n’a qu’une faible base. Son plus grand fan est le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, ancré à l’aile droite du PS. Une poignée de députés socialistes roule aussi pour lui, comme Richard Ferrand, qui était le rapporteur de sa loi en 2015, ou Pascal Terrasse. Mais les soutiens de Macron forment plus un club rétréci qu’un véritable courant politique. Jamais élu, l’homme ne dispose d’aucun fief. Et à gauche, l’anti-macronisme a le vent en poupe depuis des mois, entre les attaques de l’aile gauche du PS et les recadrages acerbes de Manuel Valls et certains de ses ministres. De quoi compliquer la chasse aux 500 parrainages d’élus nécessaires pour se présenter à la présidentielle…

Macron adore se dire « progressiste »… tout comme son grand rival Manuel Valls

Un corpus idéologique flou

Emmanuel Macron candidat, très bien, mais avec quelles idées ? Pour l’instant, le moins qu’on puisse dire est que sa structure idéologique reste très parcellaire. En fait, Emmanuel Macron se définit surtout en négatif. « Pas à droite, pas à gauche », comme il aime à le dire depuis qu’il a lancé « En Marche ». Pas « socialiste », comme son « honnêteté » le lui a fait dire en ce mois d’août. Mais alors comment le qualifier ? Dans une interview aux Echos vendredi dernier, il annonçait, énigmatique, vouloir « construire et faire avancer » une « offre progressiste, pour qu’elle gagne en mai 2017 ». « Progressiste », un mot-valise qu’Emmanuel Macron adore utiliser – tout comme son grand rival Manuel Valls – sans que l’on sache exactement à quoi il correspond. Certes, sur le plan économique, l’énarque a posé suffisamment de balises pour que l’on se doute de son créneau : social-libéral, à l’image de la loi qui porte son nom et a suscité une fronde dans la majorité l’an dernier. Ou encore de l’explosive loi Travail, dont il devait initialement porter certaines mesures, comme le plafonnement des indemnités prud’hommales ou l’assouplissement des licenciements économiques.

Pour le reste, et notamment sur d’autres sujets phares comme la sécurité ou l’identité, il n’a fait que donner des indices. Par exemple en faisant part de son « inconfort philosophique » avec la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux au moment de l’interminable débat sur ce sujet, ou encore en estimant que la société française avait une « part de responsabilité » dans le « terreau » sur lequel prospère le djihadisme. Même si Emmanuel Macron prend bien soin de brouiller les pistes : ne s’est-il pas affiché pendant toute une journée aux côtés de Philippe de Villiers au Puy du Fou le 19 août ?

Une popularité indéniable, mais fragile

Pour l’instant, les seules vraies armes d’Emmanuel Macron semblent être sa jeunesse et sa popularité. Même si sur ce front-là aussi, les bases sont fragiles. Selon les baromètres, l’ex-ministre navigue entre 35 et 50% d’opinions favorables, ce qui lui permet de figurer parmi les personnalités politiques préférées des Français. Mais sa cote a perdu quelques couleurs depuis l’hiver dernier. Surtout, il est difficile de cerner ses aficionados : Emmanuel Macron vient de quitter un gouvernement socialiste, mais il est plus populaire à droite qu’à gauche ! Dans le dernier sondage Ipsos/Le Point, il devance même Nicolas Sarkozy dans le cœur des sympathisants Les Républicains. Rappelons-lui donc simplement que les candidatures à la primaire de la droite seront clôturées le 9 septembre…

 

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