Camembert Président, lait Bridel, roquefort Société… appel au boycott contre les marques Lactalis

Des actions sont prévues à partir de ce lundi 29 août soir devant une quinzaine d’usines du groupe Lactalis pour protester contre le prix d’achat du lait. En parallèle une pétition a été lancée pour boycotter ses marques. L’empire industriel du très secret Emmanuel Besnier reste intraitable avec les paysans, qui produisent à perte et en crèvent par milliers.

Le conflit vire à la jacquerie. Il pourrait bien passer à l’émeute. Même la colère non dissimulée du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, témoigne de l’exaspération générale face à l’incroyable arrogance d’Emmanuel Besnier, le tout puissant et très secret patron de Lactalis. Lactalis est le nom de l’empire industriel derrière lequel cet héritier se cache pour ne pas avoir à sortir de l’ombre. Au cinéma on appellerait ça : « Le Spectre ». Il est aujourd’hui le symbole d’un nouveau féodalisme écrasant les serfs. Ainsi rebaptisé en 1999, le groupe Besnier est devenu le numéro 1 mondial du marché du lait après le rachat du géant italien Parmalat en 2011. Cette année là, Lactalis, qui occulte ses comptes et préfère payer des pénalités plutôt que de les rendre publics, fut obligé de communiquer son bilan pour valider la transaction. Il apparut que le résultat net du groupe était de 10,5%. A 17 milliards de chiffre d’affaires, cela suppose un bénéfice de 1,78 milliard engrangé dans les caisses de la multinationale, faisant d’Emmanuel Besnier la 13e fortune de France.

En même temps, Lactalis paye le litre de lait 25 centimes d’euro aux éleveurs, soit 14 centimes au dessous de son prix de revient. Les paysans produisent à perte, en crèvent par milliers, parfois se suicident de désespoir, mais Lactalis reste intraitable. Il faudra donc le blocage de son siège social à Laval par des centaines de tracteurs pour qu’il consente, lors d’une première négociation, à proposer une augmentation de… 3 centimes avant de déposer une plainte en référé pour occupation abusive. De quoi provoquer l’indignation de tous, des agriculteurs, méprisés, du gouvernement, ignoré, et maintenant des consommateurs, scandalisés.

Les cocus de l’histoire : le paysan et le consommateur

On comprend dès lors pourquoi paysans et citoyens s’unissent pour boycotter les produits Lactalis. Près de 3.000 signatures ont déjà été ainsi réunies par la pétition lancée sur internet. Quelle en est la cible ? Toutes les marques du groupe, le beurre et le camembert Président, le lait Bridel, les produits Lactel, le roquefort Société, etc. Des millions de produits sortant chaque jour des usines Lactalis où le lait, sous payé à l’éleveur, est transformé en or pour asseoir les bénéfices de Besnier. Et quels produits ! Des fromages aseptisés, des laitages sans âme et sans saveur que l’on déverse chaque jour sur les rayons d’une grande distribution ravie d’avoir elle aussi imposé ses tarifs pour conquérir ses parts de marché.

Car c’est bien ce duo là qui est à l’origine de la tragédie agricole et laitière. Les grandes surfaces exigent des prix toujours plus bas au transformateur qui, à son tour, étrangle le producteur pour pouvoir assurer ses marges. Ces gens ont financiarisé la malbouffe pour consolider leurs profits. Les cocus de l’histoire : le paysan et le consommateur. On comprend, en effet, le désarroi du ministre de l’Agriculture, désarmé devant une situation que le système économique en cours ne lui permet pas de rectifier. On comprend surtout la révolte de ceux qui, n’ayant plus d’autres moyens pour obtenir justice et se faire respecter, en appellent au boycott de ce qui les ruine, détruit leurs emplois, éradique l’agriculture française. Dans certains cas extrêmes, cette attitude peut être qualifiée de citoyenne.

 

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