Acculé, François Fillon joue (encore) au méchant

« Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? » a cinglé l’ancien Premier ministre lors de sa rentrée politique dimanche. Une attaque claire contre Nicolas Sarkozy, qui confirme que pour continuer à exister malgré sa faible cote dans les sondages, François Fillon est prêt à cogner. Une stratégie qui ne l’a pourtant pas servi depuis le début de l’année.

S’il est loin d’être le favori pour la primaire de la droite, François Fillon a tout de même signé un petit exploit dimanche 28 août. Au milieu d’un week-end politique surchargé, entre les discours de ses deux adversaires Alain Juppé (dans les Yvelines samedi) et Nicolas Sarkozy (au Touquet dimanche), l’ancien Premier ministre est parvenu à signer la petite phrase qui a le plus fait parler d’elle. « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? » a-t-il lancé lors de sa rentrée dans son fief de Sablé-sur-Sarthe.

Une pique anti-Sarkozy soigneusement préparée, puisqu’elle figurait dans le texte de son discours, comme il l’a confirmé ce lundi sur BFMTV. Et ce n’était pas la seule, loin de là. « La France n’a pas besoin d’une Restauration » et « 2017 ne peut pas être une revanche », a asséné François Fillon. Sur le fond, le candidat à la primaire s’est prononcé contre des mesures sécuritaires avancées par les sarkozistes, comme l’enfermement des fichés S ou la remise en cause de l’Etat de droit. « Il ne suffit pas de sauter sur sa chaise et de crier “Identité ! identité !” comme un cabri pour définir ce qu’est la France », a-t-il tempêté dans une paraphrase du général de Gaulle – décidément beaucoup mis à profit. Mais c’est dans le registre de l’attaque personnelle qu’il s’est le plus lâché : « Notre président de la République ne devrait pas être un président de faits divers, prenant la parole à tort et à travers, usurpant la direction du gouvernement, multipliant les petites promesses démagogiques et occupant les rubriques mondaines. »

Vous l’aurez compris, Fillon est décidé à taper comme un sourd. Parce qu’en réalité, il n’a pas tellement le choix. A moins de trois mois de la primaire, l’ex de Matignon rame toujours dans les sondages, qui ne lui donnent même pas le statut de troisième homme au milieu du duel Sarkozy/Juppé, place chipée par Bruno Le Maire. Fillon multiplie donc les attaques contre Sarkozy, mais son objectif du moment, c’est bel et bien de rester dans le club restreint des candidats visibles et audibles. D’ailleurs, dans l’équipe Le Maire, on tente à l’inverse de convaincre que l’ex-Premier ministre a déjà perdu. « C’est fini, Fillon », balaie en privé le député de l’Eure. Au début de l’été, l’un de ses proches tempêtait déjà : « Les journalistes mettent toujours Fillon dans la course, mais c’est une erreur. Les forces politiques ne sont plus là. Chez Fillon, il n’y a plus personne ! »

Cogner pour exister

Les fillonistes ne s’en cachent donc pas : si leur candidat cogne autant, c’est pour exister. « Il faut accrocher la lumière », admet dans Le Parisien son directeur de campagne, Patrick Stefanini. Le problème, c’est que les tentatives de Fillon en ce sens se multiplient depuis le début de l’année… sans grand succès. Mi-mars, déjà, il avait haussé le ton en dézinguant allègrement ses concurrents pour la primaire, accusés de ne pas avoir de programme qui tienne la route. Sans rattraper son retard dans les enquêtes d’opinion.

« Si les médias continuent à donner dans le commentaire sondagier, ce sera compliqué », s’agace auprès de Marianne la députée filloniste Valérie Boyer, qui préférerait « que l’on s’attache au fond, aux programmes ». Mais là réside justement tout le risque de contradiction : François Fillon, qui se présente volontiers comme le seul candidat ayant travaillé très en amont sur un projet crédible, n’a-t-il pas tout à perdre en s’abaissant aux attaques personnelles ? Sur RTL ce lundi, Nicolas Sarkozy a bien veillé à ne pas tomber dans le piège. « Je ne me donnerai pas le ridicule d’attaquer celui avec qui j’ai travaillé pendant cinq ans », a cinglé l’ex-président. Précisément le reproche que les sympathisants de droite, déjà échaudés par la guéguerre Fillon/Copé en 2012, pourraient adresser à l’ancien « collaborateur » de Nicolas Sarkozy…

 

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