Fondation pour l’islam de France : Chevènement répond aux critiques

Invité ce lundi 29 août de la matinale de France Inter, l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, appelé à présider la nouvelle fondation pour l’islam de France qui doit voir le jour cet automne, a répondu aux critiques que l’annonce de sa nomination a provoquées.

Alors que le gouvernement apporte une nouvelle pierre à l’édification d’un islam de France, ce lundi 29 août à travers une série de consultations auprès des responsables musulmans lancée par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, appelé par le gouvernement à présider la nouvelle fondation pour l’islam de France qui doit voir le jour cet automne, a répondu dans la matinale de France Inter aux critiques dont a fait l’objet l’annonce de sa nomination. 

La fondation, rappelle-t-il, a pour mission d’aider « des projets éducatifs, culturels, sociaux ». « C’est un tripode », développe-t-il, c’est-à-dire une « institution à trois pieds » où prendra place, à côté de cette fondation culturelle reconnue d’utilité publique, un ou des instituts d’islamologie chapeautés par le ministère de l’Enseignement supérieur mais surtout une association cultuelle, permise par la la loi de 1905, qui « interviendra sur l’aspect religieux, autrement dit la construction de lieux de culte ou la formation religieuse des imams. » Une association dans laquelle l’Etat ne devrait pas être « partie prenante », précise Le Monde.

Faire « le pont » entre la République et les musulmans de France

De quoi répondre aux voix qui se sont élevées dans la communauté musulmane contre la nomination d’un non-musulman à la tête de la fondation, dont le travail s’inscrit dans la lignée de la Fondation des oeuvres de l’islam que l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, avait tenté de mettre en place en 2005 sans succès. Des voix qui ont redoublé mi-août lorsque Jean-Pierre Chevènement, en pleine polémique sur le burkini, a appelé, dans un entretien accordé au Parisien, les musulmans « à la discrétion«  dans l’espace public. Ces critiques, l’intéressé les balaie ce lundi sur France Inter. « C’est une polémique comme il en est régulièrement sur ce sujet (…) J’ai cité Tareq Oubrou, le recteur de la mosquée de Bordeaux, qui donnait ce conseil. Dans mon esprit, ce conseil s’adresse à toutes les religions en vertu même du principe de laïcité ».

Le burkini, souligne Jean-Pierre Chevènement, « vise à définir une place de la femme dans la société qui est nettement distincte et subordonnée à celle des hommes, et je pense qu’on peut le tolérer, il est licite, mais en même temps on peut ne pas l’approuver. » Et d’analyser :

« Moi je connais bien le monde musulman, je suis allé au Caire, à Alger, il y a 40 ou 50 ans : la plupart des femmes ne portaient pas le voile. Mais il y a une tendance de fond, qui correspond à ce qu’il faut bien appeler la montée du fondamentalisme religieux, qui fait qu’aujourd’hui non pas toutes mais la majorité, l’immense majorité des femmes ne peuvent plus sortir dans la rue sans être voilées. Eh bien tout cela, ça traduit quelque chose qui se répercute aussi dans nos cités. Et c’est une question qui, encore une fois, relève du débat d’idées…

« Jean-Pierre Chevènement est un grand républicain, rappelle quant à lui Bernard Cazeneuve dans le quotidien La Croix, également ce lundi. « Il a été le premier à mettre sur le métier une déclaration commune entre l’État et les responsables musulmans, dès les années 1990. Il connaît bien le monde musulman » et sera par conséquent chargé, à travers la fondation, de faire « le pont » entre la République et les musulmans de France. 

Les prochaines semaines devront permettre de préciser les contours de la nouvelle fondation pour l’islam de France, dotée d’un budget de 5 à 6 millions d’euros, financés exclusivement par des donations françaises récoltées auprès d’entreprises privées ou de particuliers, voire à travers la mise en place d’une taxe hallal. Toujours selon Le Monde, la fondation culturelle – et non l’association cultuelle qui y sera adossée – pourra bénéficier de deniers publics. « Trois représentants des ministères de l’Intérieur, de la Culture, et de l’Education nationale, siègeront par ailleurs à son conseil d’administration », aux côtés, entre autres, du président du CFCM et de « cinq personnalités qualifiées. »

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