Antibes : ce maire de droite n’a pas pris d’arrêté anti-burkini, il explique pourquoi

Jean Leonetti, le député-maire d’Antibes, dans les Alpes-Maritimes, considère que voiler le corps de la femme est « une vision évidemment archaïque ». Pourtant, contrairement à de nombreuses communes voisines, il n’a pas pris d’arrêté municipal pour interdire le burkini. Ces mesures sont en effet « faciles à prendre mais très difficiles à mettre en œuvre », explique-t-il avec un sens de la mesure devenu rare dans cette polémique…

Le Conseil d’Etat doit trancher ce vendredi 26 août sur la légalité des arrêtés interdisant le burkini pris par une trentaine de communes, notamment sur la Côte d’Azur. Le nouvel épisode d’un débat interminable dans la classe politique. Alors que plusieurs ministres de Manuel Valls contredisent le soutien du chef du gouvernement à ces mesures, Nicolas Sarkozy demande carrément une loi pour interdire le burkini partout en France… Au milieu de cette polémique qui frôle l’hystérie collective, l’avis mesuré d’un élu au contact du terrain ne peut pas faire de mal. Jean Leonetti est, en effet, bien placé pour en parler, puisqu’il est le député-maire (Les Républicains) d’Antibes, 80.000 habitants, station balnéaire de la Côte d’Azur située entre Nice et Cannes – deux villes qui ont pris des arrêtés anti-burkini. C’est aussi la seule grande commune du littoral des Alpes-Maritimes à ne pas avoir décidé d’une telle interdiction.

« Une distinction qui est difficile à faire »

Jean Leonetti a expliqué pourquoi à l’AFP. D’abord, relate-t-il, ses services n’ont concrètement pas trouvé trace de burkini dans la station balnéaire. « On a fait une inspection des plages, on a trouvé au bout de trois inspections complètes sur Juan-les-Pins une seule personne avec un voile qui accompagnait un vieux monsieur », explique-t-il. « La police m’a dit qu’il n’y avait pas de manifestation, d’acte de provocation ni de réprobation autour, et qu’il n’y avait pas du tout de trouble à l’ordre public », tandis que les commerçants et les représentants des cultes n’étaient pas favorables à la prise d’un arrêté, précise-t-il.

Ensuite, insiste Jean Leonetti, les arrêtés anti-burkini sont « faciles à prendre mais très difficiles à mettre en œuvre ». « Aujourd’hui, qu’est ce que c’est qu’un burkini ? Est-ce qu’on peut avoir quelque chose sur la tête ou pas, est-ce qu’on peut rester sur la plage en étant habillé ?… On n’arrive pas à définir exactement ce qui est de la provocation », soupèse-t-il. « Quand est-ce que c’est ostentatoire et troublant l’ordre public et quand est-ce que ça ne l’est pas… C’est une distinction qui est difficile à faire. » Et puis, « si le trouble à l’ordre public existe sur la plage, une tenue similaire qui couvre le corps de la femme n’est-il pas aussi trouble à l’ordre public sur le bitume, ou dans les magasins ? » s’interroge l’édile.

« Une vision évidemment archaïque »

Pour autant, Jean Leonetti ne condamne pas ses voisins qui ont interdit le burkini. « Je ne m’inscris pas en opposition avec les maires qui ont pris un arrêté si dans leur commune ça a posé des problèmes », assure-t-il. « Si j’avais eu des manifestations de masse, provocantes, j’aurais peut-être réagi. » Jean Leonetti « n’approuve pas » non plus le port du burkini et considère que « voiler le corps de la femme, c’est une pratique choquante » et « une vision évidemment archaïque ».

« La sagesse, c’est aussi de ne pas répondre à la provocation », poursuit le maire. Dans l’affaire du burkini, « il y a une grande partie de provocation et de test de la part d’une partie de l’islam qui est radicale et qui cherche (…) à créer un climat de guerre civile ». « J’essaie de regarder comment on peut avancer sur ces sujets » sans « partir du détail », conclut Jean Leonetti, pour qui cette polémique traduit « des tensions dans notre pays qui sont bien plus globales que de savoir dans quelle tenue on doit se baigner ».

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