Succession de Sarkozy : le bon coup de Laurent Wauquiez

Les statuts du parti Les Républicains prévoient une direction collégiale en cas de candidature de Nicolas Sarkozy à la primaire. Mais l’ex-chef de l’Etat a pourtant nommément désigné Laurent Wauquiez pour assurer la présidence par intérim du mouvement. Une nouvelle étape dans le plan de carrière de l’ambitieux président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, marqué très à droite.

La guerre de succession n’aura finalement pas lieu. Nicolas Sarkozy a dû démissionner de la présidence de Les Républicains, en même temps qu’il annonçait sa candidature à la primaire de la droite, lundi 22 août. Et dès le lendemain, l’ancien chef de l’Etat a lui-même tranché la question de son remplacement à la tête du parti. Dans un courrier envoyé mardi aux adhérents et révélé par L’Opinion, il annonce que c’est son numéro 2, Laurent Wauquiez, qui prend « la présidence par intérim des Républicains ». Le numéro 3, Eric Woerth, reste secrétaire général, tandis que Luc Chatel, qui préside le conseil national de LR, complète l’équipe de direction.

Nicolas Sarkozy écrit avoir pris cette décision « conformément aux statuts » du parti. Mais en réalité, il joue sur une ambiguïté. Certes, selon l’article 25 de ces fameux statuts, « en cas d’empêchement » ou « en cas de vacance » du président du parti, celui-ci « est remplacé par le Vice-président délégué », en l’occurrence Laurent Wauquiez. Mais le cas de Sarkozy correspond en fait à l’article 39, qui précise que si un membre de la direction du parti se déclare candidat à la primaire, « la direction du Mouvement est assurée, jusqu’à la primaire, par les autres membres de la direction ».

Pour Woerth, « ce sera une direction d’équipe »

Eric Woerth aurait donc pu se prévaloir de ces dispositions pour réclamer d’être sur un pied d’égalité avec Laurent Wauquiez. Mais l’ancien ministre ne souhaite visiblement pas prendre le risque d’un bras-de-fer avec l’ambitieux président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Je ne veux pas en faire une polémique. C’est un sujet pour peu de temps, puisqu’il reste trois mois avant la primaire », explique Eric Woerth à Marianne ce mardi. Et puis, « en réalité, ce sera une direction d’équipe », veut-il croire. « On va faire tourner le parti, Laurent et moi. D’un côté, on soutiendra Nicolas Sarkozy, et d’un autre côté, on montrera que le parti continue à exister pendant la primaire. »

L’ancien président a d’ores et déjà emménagé dans son nouveau QG de campagne du 7e arrondissement de Paris. Même s’il gardera un œil sur le parti grâce à l’un de ses fidèles, Frédéric Péchenard, qui reste directeur général de LR. Quant à Laurent Wauquiez, il compte bien capitaliser sur son bon coup. Selon nos informations, il a programmé son arrivée effective à la tête du parti pour la semaine prochaine, et convoqué une première réunion des collaborateurs mercredi 31 août. A 41 ans, le député, adepte des propositions très droitières comme l’enfermement des fichés S, compte bien se servir de ce poste, même provisoire, comme d’un tremplin. « Laurent a la conception d’une carrière à la Chirac : il faut tenir le parti et une grosse collectivité », confiait au printemps dernier un fidèle sarkoziste. Avec ce revers de la médaille : si un autre candidat que Nicolas Sarkozy gagne la primaire fin novembre, c’est lui qui recomposera la direction du parti à sa main. Ce qui risque de n’être pas à l’avantage de Wauquiez, très peu apprécié chez les partisans d’Alain Juppé ou de Bruno Le Maire…

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