Le ramdam autour de la diffusion de ce programme inspiré de « Benefit streets » au Royaume-Uni n’aura pas suffi à piquer la curiosité des téléspectateurs. M6 a obtenu moins de 10% des parts de marché avec « La Rue des allocs » mercredi 17 août au soir, derrière TF1 et France 3. Ses détracteurs, eux, sont toujours aussi nombreux.
La polémique autour du programme La Rue des allocs de M6 n’aura pas suffisamment piqué la curiosité des téléspectateurs. Pour ce docu-réalité tant annoncé, la chaîne a rassemblé moins de 10% des parts de marché (9,5% exactement, soit près de 1.800.000 personnes), se plaçant en troisième position derrière TF1 et sa série Blacklist et France 3 pour Des racines et des ailes. A titre de comparaison, L’amour est dans le pré, l’un des gros cartons de M6, peut rassembler le double de téléspectateurs et avoisiner les 20% de part d’audience.
Peu de succès mais de nombreux détracteurs. La FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) a demandé mercredi au CSA d’intervenir pour suspendre la diffusion de ce programme accusé d’être « stigmatisant et honteux face à la détresse sociale« .
Le docu-réalité suit au quotidien plusieurs habitants de Saint-Leu, près d’Amiens, qui vivent avec moins de 1.000 euros par mois. Une façon de procéder qui a pu déranger pour son aspect particulièrement intrusif, voire « voyeuriste« . Il est également reproché au programme de trop insister sur l’alcoolisme de certains des « personnages » et de les filmer en état d’ébriété. Par le choix du titre et des habitants, La Rue des allocs – qui devait au départ s’intituler Quartier prioritaire – donne également aux yeux de certains une image biaisée de la réalité d’une vie de grande précarité.
La maire centriste d’Amiens a ainsi réagi auprès de France Bleu Picardie :« C’est irrespectueux des personnes filmées, c’était inutile d’étaler leur vie privée et leurs difficultés au grand jour. » Franck, l’un des habitants suivi par l’émission, a été dérangé par les gros plans sur l’alcool mais également par les adresses dévoilées au grand jour, à l’aide d’un plan en 3D. Il juge aussi que « certaines personnes sont mises en valeur et pas d’autres« , insistant sur certaines situations pas forcément les plus représentatives.
Le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, a vivement réagi après la diffusion de l’émission en se joignant au FNARS. Il souhaite « interdire l’indécence » :
Après ce 1er épisode de #LaRueDesAllocs, je me joins à l’initiative de la @fnars: interdire l’indécence. Ce soir, la misère était morale. PK
— Patrick Kanner (@PatrickKanner) 17 août 2016
Durant la diffusion du programme, l’adjoint au maire Ian Brossat (PCF), a accusé le réalisateur de « prolophobie » :
Si la prolophobie était un délit, le réalisateur de ce doc bourré de clichés prendrait cher. #LaRueDesAllocs
— Ian Brossat (@IanBrossat) 17 août 2016
Le réalisateur, Stéphane Munka, a pu expliquer sa démarche avant la diffusion de l’émission :
« La seule chose qui m’intéressait était de mettre un visage sur les statistiques du chômage que l’on entend tous les mois tomber à la radio ou à la télé. Je voulais montrer ce que c’était de vivre avec du chômage longue durée, avec moins de 1000 euros par mois. »
Mercredi, jour du premier épisode, M6 n’avait pas encore annoncé les dates de diffusion des deux épisodes suivants. Si la polémique était loin d’être un argument suffisant pour convaincre la chaîne d’une déprogrammation, l’évolution des audiences pourrait être scrutée avec davantage d’attention…
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