Le procureur de Bastia a fait un point presse le 17 août au soir pour faire part des premières avancées de l’enquête sur la rixe de Sisco. Il apparaîtrait que le fameux burkini n’ait qu’un rôle très isolé, voire aucun rôle du tout, dans le déclenchement de la violence. Trois frères, « dans une logique de caïdat », auraient surtout voulu « privatiser » la plage tout au long de la journée, jusqu’à ce que cela dégénère…
« Dans cette affaire, il n’y a pas des horribles radicalisés d’un côté contre de méchants racistes. » Le procureur de la République de Bastia, Nicolas Bessone, a fait un point sur les avancées de l’enquête quatre jours après la rixe qui a opposé des familles maghrébines et des Corses sur une plage de Sisco, rixe qui a eu notamment pour conséquence d’enflammer un peu plus le débat sur le burkini. En effet, selon plusieurs témoignages ce jour-là, la rixe aurait éclaté alors que plusieurs femmes qui se baignaient dans cette tenue de bain islamique étaient prises en photo. Une version des faits non retenue par le procureur.
Selon lui, ce sont les trois frères de la famille maghrébine qui sont à l’origine des affrontements, des frères « connus défavorablement des services de police » pour des faits de trafic de stupéfiants, d’outrage et de rébellion. Les jeunes hommes auraient eu une attitude de « caïdat« , dans le but de « privatiser la plage« tout l’après-midi. Rien à voir avec le respect ou non d’une femme en burkini :
« On est plus dans une logique de caïdat, d’appropriation d’une plage qu’autre chose. Avec, de l’autre côté, une surréaction villageoise inadaptée. Mais je vous garantis que des affaires comme ça, on en voit aussi quand vous avez dix italiens qui débarquent en faisant du bruit en Vespa dans un petit village… Ça s’est vu.«
Le procureur n’a pas même mentionné le tissu au coeur de la polémique, et qui avait pourtant poussé le maire de Sisco à prendre un arrêté pour l’interdire sur sa plage.
Pour établir la chronologie des faits, et face à des versions orientées et contradictoires, il a expliqué n’avoir retenu que les informations de personnes considérées comme « neutres » et les « faits constants » durant les auditions.
Il en ressort que les trois frères auraient tenté, donc, de privatiser cette plage de Sisco toute la journée, installant même un panneau « interdiction de circuler » en surplomb de la crique. Plusieurs heurts avec d’autres personnes, touristes ou locaux, avec insultes et jets de galets, auraient eu lieu avant la rixe finale Un couple de touristes a raconté devant les enquêteurs avoir dû quitter la crique, tout comme des enfants venus en canoë. Les frères n’auraient ensuite pas supporté que d’autres touristes prennent des photos. Des photos de la baie, selon certains, d’une femme voilée, selon la famille. « S’ensuit une altercation entre un jeune et les membres masculins de la famille sur la crique, a déclaré le procureur. A partir de là, nous n’avons plus de faits constants, seulement des versions qui divergent.»
Cinq personnes – les trois frères et deux villageois ayant participé à la rixe – ont été placés en garde à vue dans le but « d’établir l’intégralité des responsabilités« , et « pour déterminer dans quelle mesure deux personnes originaires du village ont participé à ces dites violences ». Ils vont être jugés en comparution immédiate dès ce 18 août. Après ce point presse, le burkini, lui, ne semble plus vraiment être au coeur du problème des affrontements de Sisco.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments