Brexit : rupture abstraite, conséquences économiques bien concrètes

Pendant que les responsables britanniques et européens se demandent comment mener à bien la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union européenne, les premières conséquences concrètes du Brexit se font sentir pour l’économie outre-Manche.

Les premiers effets du Brexit commencent à se faire sentir. Alors même que la sortie effective du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait être repoussée à fin 2019, après de longues négociations pour lesquelles la nouvelle cheffe de gouvernement, Theresa May, cherche encore ses experts, l’économie britannique connaît de premières évolutions, à commencer par une baisse du pouvoir d’achat pour les consommateurs mais aussi la fin du boom immobilier. Tour d’horizon.

 Le pouvoir d’achat des ménages diminue

Conséquence directe de l’annonce du Brexit, la chute de la livre sterling par rapport à l’euro et au dollars (entre 10 et 15% de dévaluation) s’est repercutée directement dans le portefeuille des Britanniques. Certaines sociétés qui vendent au Royaume-Uni des biens produits à l’étranger, comme les automobiles, l’informatique, les vêtements ou certains aliments, ont décidé d’augmenter leurs prix. Or le Royaume-Uni fait venir de l’étranger plus de la moitié de la nourriture qu’il consomme. Selon les calculs du comparateur de prix mySupermarket – troisième supermarché en ligne du pays – le ticket moyen hebdomadaire du ménage a augmenté de 1% en juillet, pour un second mois consécutif de hausse. Et ce après une baisse du coût du chariot moyen ces six derniers mois. Des produits de base tels que les pâtes ont vu leur prix augmenter de 10%.

Selon les chiffres publiés par le cabinet Springboard, la fréquentation des rues commerçantes avait par ailleurs chuté de 11% dès le mardi 28 juin par rapport à la même période l’année précédente, soit une semaine après le vote sur le Brexit… preuve que les consommateurs se préparaient déjà à une récession avant même sa réalisation.

► Incertitudes sur le tableau de l’emploi

Selon le CIPD – groupement des professionnels des ressources humaines – les entreprises britanniques ne sont plus que 36% à vouloir embaucher dans les 3 prochains mois, soit quatre points de moins par rapport au précédent sondage réalisé juste avant de conaître les résultats du Brexit. Seuls 7% songent à augmenter leurs investissements en la matière. Cette baisse est le symptôme des incertitudes qui ont étreint les entreprises, poussant les PDG à la prudence. Le secteur de la finance a été particulièrement touché, avec une baisse du nombre de postes à pourvoir à la city de Londres de 12% en juillet, selon la société de conseil Morgan McKinley. Cette dernière assure cependant que l’impact a été moins fort que prévu.

Les chiffres du chômage ne montrent d’ailleurs pas encore d’évolution en ce sens. Au contraire, le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 8.600 personnes en juillet, a-t-on appris ce 17 août. Les analystes précisent que ces chiffres ont été calculés sur la base de données disponibles au 14 juillet, soit 3 semaines après le scrutin. Ils pourraient n’intégrer qu’une partie de l’impact du Brexit, anticipent-ils. Pessimiste, la Banque d’Angletterre prévoit quant à elle une nette remontée du chômage.

► Fin de la flambée de l’immobilier

Dès la sortie du Brexit, certains analystes ont prédit un ralentissement de l’immobilier, qui flambait depuis quelques années. L’entreprise d’information économique IHS tablait ainsi sur une baisse de 5% des prix immobiliers lors du seul second semestre. Une étude de la RICS – organisation professionnelle devant réglementer et promouvoir la profession immobilière – tend à conforter ces prévisions. La croissance du secteur en juillet est la plus faible enregistrée depuis juillet 2012. Les intentions d’investissements dans le secteur immobilier ont chuté de 16%.

Les prix des logements résidentiels londoniens ont chuté de 1,2% par rapport au mois de juin dernier, selon le site Rightmove qui tempère cependant : ces chiffres sont « en ligne avec les résultats des 6 dernières années à cette même saison« . Les locataires sont les premiers bénéficiaires de cette pause dans la flambée des prix.

► Les touristes à l’assaut de Big Ben

Le Brexit a eu un effet positif immédiat grâce à la dépréciation de la livre sterling : le moment est bien choisi pour venir visiter le Royaume-Uni. Selon le site spécialiste du tourisme Forwardkeys.com, les réservations aériennes vers Londres ont augmenté de 4,3% ces dernières semaines. Hors Europe, elles grimpent jusqu’à 8,6% depuis le résultat du référendum.

► Sombres prévisions pour la croissance

Cette petite victoire n’a pas convaincu les agences de notations qui ont entrepris de réévaluer la note du Royaume-Uni. Standard and Poor’s a ainsi dégradé l’économie britannique de AAA à AA sur son barème tandis que Moody’s envisage de rétrograder sa note, sans avoir encore mis ses menaces à exécutions. La Banque d’Angleterre annonce pour sa part 0,8% de croissance du PIB en 2017 depuis le Brexit, alors qu’elle prévoyait 2,3% de croissance auparavant.

 Retrouvez Marianne sur notre appli et sur les réseaux sociaux, 
ou abonnez-vous :

 

Marianne sur App Store   Marianne sur Google Play  

Marianne sur Facebook   Marianne sur Twitter   Marianne sur Instagram

S'abonner à Marianne

 

 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply