Quand Valls salue l'interdiction du burkini sur les plages, une partie de la gauche s'étouffe

Après le soutien apporté par Manuel Valls aux arrêtés anti-burkini, les réactions à gauche ne se sont pas faites attendre. Vision « post-colonialiste » pour les uns et position qui « fait le jeu des terroristes » pour les autres.

Le soutien apporté par Manuel Valls aux maires souhaitant prendre des arrêtés anti-burkini ne passe pas toujours à gauche. Ce mercredi 17 août, dans le journal La Provence, le Premier ministre explique en effet qu’il comprend « les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public » et dit « soutenir ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique », tout en prenant le soin de préciser qu’il ne croit pas « qu’il faille légiférer en la matière: la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution. »

Une position qui énerve passablement Benoît Hamon, député frondeur, fraîchement déclaré candidat à la primaire du PS, qui se demande jusqu’où ira cette chasse aux signes religions musulmans :

« Dans certaines communes, dans lesquelles on n’a jamais vu aucun burkini, on prend des arrêtés pour dire qu’il est interdit de porter une tenue qui n’est pas interdite par la loi et qui pourrait troubler l’ordre public, sans qu’on sache si oui ou non ça trouble l’ordre public… Mais, à partir de ce principe-là, si on considère que sur les plages il ne faut pas donner une visibilité à sa religion, qu’est-ce qui empêchera que la djellaba et la barbe soient considérées comme une forme de provocation ?« 

« Vous rendez-vous compte aujourd’hui où nous en sommes arrivés ? Nous en sommes arrivés à ce que sur le burkini, le Premier ministre dise que c’est une forme d’asservissement de la femme mais qu’il ne faut pas légiférer, s’étouffe-t-il à moitié, ce matin au micro de France Inter. Si c’est si grave, qu’il légifère ! »

Et d’enfoncer le clou :

« Je revendique appartenir à une tradition politique qui considère que la laïcité est une laïcité sans épithète. (…) L’islam doit être traité comme une religion ordinaire. Ce n’est pas une sous-religion que l’on traite par un biais post-colonialiste ou une religion dont on considère qu’elle est un nid permanent de terroristes que l’on traite par le biais sécuritaire. (…)

Le cadre ne peut pas être trouvé par des déclarations intempestives de dirigeants politiques qui ne cessent de vouloir faire leur beurre politique et leur beurre électoral sur l’islam. »

Côté gauche de la gauche, la charge est encore plus violente. Quelques minutes plus tôt, sur France Info, Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, est allé bien plus loin. « Il n’a rien d’autre à faire le Premier ministre de notre pays suite à Nice, Saint-Etienne-du-Rouvray, au regard des enjeux colossaux auxquels nous sommes confrontés ? », lâche-t-il. « En suivant les pas d’une droite très radicalisée qui court après le Front national, [Manuel Valls] joue un jeu très dangereux (…) Après Charlie Hebdo on a parlé de République, de démocratie, de vivre-ensemble, des belles valeurs républicaines. Aujourd’hui, il y a une tentative de détournement du débat public des grands enjeux avec la question religieuse ».

Pis, pour ce proche de Pierre Laurent, le chef de file des communistes, Manuel Valls « fait le jeu des terroristes puisque c’est précisément ce que veulent au final les terroristes : la guerre de religions, les tensions permanentes et le basculement vers des ferments de guerre civile ».

Pendant ce temps-là, les premiers à réagir à droite applaudissent la position du Premier ministre… tout en lui reprochant de ne pas aller assez loin.

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