Invité du 20h de France 2 ce 16 août, Benoît Hamon, député des Yvelines et frondeur médiatique, a annoncé sa candidature à la primaire de la Belle alliance populaire. Le faisant rentrer de facto en concurrence avec son camarade Arnaud Montebourg, l’autre héraut de la gauche du PS, qui devrait se déclarer lui aussi ce dimanche.
Il rongeait son frein depuis longtemps et voulait en finir avec son rôle d’éternel second. C’est chose faite. Ce mardi 16 août, sur le plateau du 20h de France 2, Benoît Hamon, député des Yvelines, a annoncé son intention de participer à la primaire du PS. Coiffant ainsi au poteau son camarade Arnaud Montebourg qui devrait, lui, se prononcer ce dimanche 21 août, lors de la traditionnelle fête de la Rose à Frangy-en-Bresse, dans son fief de Saône-et-Loire. Il lui glissera tout de même, en fin d’interview, ironique :
« Arnaud n’est pas encore candidat, s’il veut me soutenir, il lui reste quelques jours pour le faire ! »
C’était un suspense très relatif puisque dès le 21 mars, il déclarait sur France Inter : « Je serai probablement candidat s’il y a une primaire ». Et dans sa dernière édition, le Journal du Dimanche dévoilait également le contenu d’un carton d’invitation envoyé par les proches de l’ancien ministre pour un rassemblement prévu à Saint-Denis fin août. Carton intitulé : « Rassemblement pour gagner 2017″… Selon le journal, on peut ainsi y lire qu’« au terme d’un quinquennat déboussolé, la gauche est sans repère, éclatée entre deux camps qui s’estiment irréconciliables (…) Les électeurs de gauche n’ont pas à endosser l’impopularité d’un gouvernement qui a échoué, de la loi travail à la déchéance de la nationalité, parce qu’il s’est rallié aux axiomes de ses adversaires. » Comprendre : François Hollande ne peut plus représenter le PS pour 2017, les socialistes doivent donc miser sur un nouveau jockey. Ca tombe bien, Benoît Hamon est totalement disponible depuis sa sortie du gouvernement en 2014.
Avec la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, le tonitruant Gérard Filoche et le hollando-compatible Jean-Luc Bennahmias, il y a dorénavant quatre candidats déclarés à la primaire de la Belle alliance populaire décidée le 18 juin par le PS.
Pour Benoît Hamon, sa candidature sonne comme une revanche, lui qui, à plusieurs reprises, a dû s’effacer au profit d’un autre.
En 2008, alors à la tête d’Un Monde d’Avance (UMA), un rassemblement inédit de l’ensemble de l’aile gauche socialiste qualifié « d’évènement historique » par un Jean-Luc Mélenchon encore encarté, il avait finalement fait le choix de la normalisation en acceptant le porte-parolat du parti que lui proposait Martine Aubry. Rebelote en 2011, où il s’était abstenu de concourir à la primaire pour soutenir une nouvelle fois la maire de Lille. Plus récemment, lors du Congrès de Poitiers, d’un commun accord avec Emmanuel Maurel du courant Maintenant la gauche – l’autre composante de la gauche du PS – il avait accepté de laisser sa place au député de la Nièvre Christian Paul pour mener la motion B, celle des frondeurs, face à Jean-Christophe Cambadélis.
Sa déclaration est donc un premier pas vers la primaire. Mais le chemin sera long pour rassembler l’ensemble des déçus du hollandisme. Pour plusieurs raisons.
Si son passage au ministère de l’Economie sociale et solidaire a laissé de bons souvenirs, à l’inverse, ses quelques mois à l’Education, n’ont pas convaincu du tout. Pis, s’il peut encore compter sur un large cercle de soutiens de son courant UMA à l’image des députés Matthieu Hanotin ou Pascal Cherki, certains ont encore du mal à lui pardonner d’avoir aidé à installer Manuel Valls à Matignon. L’histoire est connue, les anciens meilleurs ennemis de la primaire de 2011, Montebourg et Valls, avaient scellé un pacte pour pousser Jean-Marc Ayrault vers la sortie. L’un pour élargir le périmètre d’un ministère du Redressement productif trop étroit à son goût et laver l’affront des hauts-fourneaux de Florange, l’autre, en pleine ascension dans les sondages, pour devenir chef du gouvernement. Hamon, lui, s’était rallié à ce duo improbable avec comme récompense un maroquin prestigieux. Une prison dorée l’empêchant (pour un temps) de critiquer la politique économique menée par Hollande et Valls.
Raison pour laquelle il n’avait pu prétendre à prendre la tête de la fronde lors du Congrès de Poitiers. « Maurel sait très bien que Hamon dispose d’une force de frappe médiatique plus importante mais en même temps certains reprochent à Benoît, que ce soit chez Maintenant la gauche et même dans son propre courant, d’avoir aidé à installer Valls », expliquait ainsi à Marianne, un député frondeur.
Autre obstacle, Arnaud Montebourg lui-même. Si le chantre du made in France laisse encore planer le doute sur sa candidature, tout laisse à penser qu’il se présentera lui-aussi face à François Hollande dans l’arène de la primaire. Or, si Benoît Hamon peut inscrire à son bilan une approche plus sociale de la politique, grâce notamment à sa loi consommation, lui et Montebourg marchent sur les mêmes plates-bandes. Tous deux anciens ministres de Hollande et pourfendeurs de la politique économique du président de la République. Parmi les frondeurs, certains ont déjà fait leur choix. Ainsi le député Laurent Baumel, François Kalfon ou Christian Paul, le chef de file de la fronde, ont déjà acté leur soutien à Arnaud Montebourg.
Mais alors que les deux hérauts de la gauche socialiste qui n’a pas « trahie » se voient en obstacle de François Hollande dans la perspective de 2017, leur double candidature à la gauche du PS pourrait bien avoir l’exact effet inverse. En divisant le camp des déçus du quinquennat et en déroulant le tapis rouge à François Hollande…
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