La petite entreprise de l’ancien Premier ministre est-elle taillée pour la primaire ? L’activisme de Nicolas Sarkozy sur fond de terrorisme et une série de déconvenues estivales commencent à semer le doute dans l’équipe d’Alain Juppé.
L’ambiance est lourde en ce mercredi de fin juillet, le soleil tape sur Notre-Dame de Paris mais les esprits sont chagrins. C’est l’été sur l’île de la Cité, mais ce ne sont pas des touristes qui se massent autour de la cathédrale. Plusieurs centaines de fidèles sont venus rendre hommage au père Jacques Hamel assassiné la veille à Saint-Etienne-du-Rouvray. De nombreux hommes d’Etat sont également attendus. L’ambiance est lourde, mais un léger sourire pointe sur le visage de ce proche de Nicolas Sarkozy lorsqu’on lui apprend qu’Alain Juppé, coincé à Papeete, n’a pu rallier Paris à temps pour figurer sur la photo : « Quand ça veut pas, ça veut pas… » Nicolas Sarkozy, lui, avait prévu de passer cette semaine à Paris : il est là, au premier rang, à quelques mètres de François Hollande. La faute à pas de chance, répondent les partisans d’Alain Juppé dans un haussement d’épaules lorsqu’on les interroge sur l’absence de leur patron. Tant pis si l’ancien président de la République a occupé le terrain médiatique toute la semaine. Tant pis si, faute d’une équipe de télévision avec lui, Alain Juppé n’a pu réagir que par un simple communiqué le jour de l’attentat.
« L’AFP n’a pas beaucoup repris mes déclarations », a-t-il quand même regretté lors d’une conférence de presse organisée à la hâte deux jours plus tard lors de son retour à Paris. L’ancien Premier ministre sait qu’il est en décalage, en retard d’une actualité, en dessous des attentes de l’opinion, et c’est bien entendu, comme toujours avec les politiques, un peu la faute des médias. Pourtant, en plein été, de nombreux journalistes étaient bel et bien venus écouter l’oracle de retour de Tahiti dans son QG du boulevard Raspail. Et, au final, tous sont restés un peu sur leur faim : Alain Juppé n’a pas dit grand-chose de plus que ce qu’il avait déjà dit…
Après l’assassinat du père Hamel, Juppé a-t-il décidé de corriger le tir, lui qui avait été fortement critiqué pour la virulence de sa réaction, mi-juillet, au lendemain de l’attentat de Nice ? Quatre-vingt-cinq morts sur la Promenade des Anglais, la France qui se réveille traumatisée et le « meilleur d’entre nous », d’ordinaire si placide, qui s’agace sur Europe 1, assurant que, « si tous les moyens avaient été pris, l’attentat n’aurait pas eu lieu ». Le candidat, connu pour sa mesure et sa rareté, s’invite aussi sur RTL et dans le Parisien pour marteler que « tout n’a pas été fait ». Son directeur de campagne, Gilles Boyer, a beau nier tout activisme médiatique, on a rarement autant entendu le maire de Bordeaux à propos du terrorisme. La presse s’interroge, le gouvernement attaque : quel moustique a piqué le vieux sage de la primaire ? « Il y a une volonté de reprendre la main sur la campagne, explique un cadre de l’équipe, ce qui nous amène à prendre une posture plus offensive. Le problème, c’est que je ne suis pas sûr que ce soit sur le bon sujet…» « C’est vrai que cela ne lui ressemble pas, soupire un collaborateur qui cherche des raisons de se réjouir de l’intervention de Juppé au lendemain du drame de Nice. Il a voulu être le premier, il l’a été ! »
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