Scandale sanitaire : malgré le danger, 10.000 femmes enceintes ont pris de la Dépakine depuis 2007

Les dangers de l’anti-épileptique Dépakine pour l’enfant à naître n’ont été martelés que très tardivement. Malgré les méfaits connus depuis de longues années, les autorités sanitaires n’ont pris des mesures de restriction qu’en 2015. Résultat, selon une étude révélée par le Canard enchaînée, 10.000 femmes enceintes ont pris ce médicament entre 2007 et 2014.

Marine Martin, l’une des figures du combat contre la Dépakine, s’en inquiétait auprès de Marianne fin 2015 : malgré le grand danger que représente l’anti-épileptique Dépakine pour les bébés, nombre d’entre elles n’étaient toujours pas informées des risques par leur médecin. Les autorités sanitaires, elles, malgré les méfaits connus depuis de longues années, n’ont pris des mesures de restriction et d’encadrement strict des prescriptions qu’au cours de l’année 2015. Le chiffre révélé par Le Canard enchaîné ce 10 août en montre les conséquences : plus de 10.000 femmes enceintes ont pris de la Dépakine, produit par Sanofi, entre 2007 et 2014, selon une étude citée par l’hebdomadaire. Les enfants victimes de malformations et de troubles neuro-cognitifs devraient donc se compter par milliers.

Sanofi n’a pas voulu « commenter » ce chiffre en affirmant auprès du Canard n’avoir pas connaissance des données. Toujours selon le Canard, le ministère de la Santé aurait choisi de reporter la publication de cette étude de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) et de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAMTS), d’abord prévue fin juillet – ce que le ministère dément.

Des patientes mal informées

En décembre 2015, l’ANSM et la Haute autorité de santé ont réaffirmé que la Dépakine et tous les autres médicaments contenant du valproate ne devaient plus être prescrits aux femmes enceintes ou en âge de procréer. Un sondage dévoilé par l’ANSM montrait déjà l’ampleur de la méconnaisance des patientes : 62% des femmes traitées par la Dépakine étaient pas ou peu informées sur les effets de leur comprimé, 94% n’avaient pas signé le formulaire d’accord de soins, théoriquement obligatoire avant toute prescription. 

Marine Martin, présidente de l’APESAC, une association de parents d’enfants exposés au médicament, s’inquiétait auprès de Marianne : 

« Certains médecins n’ont pas lu les courriers envoyés par l’ANSM. Je ne comprends pas non plus que les neurologues ne rappellent pas toutes leurs patientes sous Dépakine pour les informer. Il existe des alternatives à ce traitement, j’ai recensé 24 antiépileptiques différents ! Je pense que certains sont dans le déni, ils ne veulent pas changer leurs habitudes. »

En février dernier, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a reconnu que les autorités de santé avaient fait preuve d’un certain retard à l’allumage sur ce dossier, réagissant bien tardivement aux signaux d’alarme pourtant lancés dès les années 1980. La présentation de ce rapport par le ministère de la Santé avait d’ailleurs elle-aussi été décalée à l’époque… et les victimes n’avaient même pas été tenues au courant de son existence puis de son annulation ! 

En mars, un pas vers l’indemnisation des victimes a été fait lorsque la ministre Marisol Touraine s’est engagée à « déterminer les voies d’indemnisation des familles en lançant une mission d’expertise juridique pour préciser les responsabilités susceptibles d’être engagées et examiner en particulier l’impact des défauts d’information et les dommages qu’ils ont pu causer. » La création d’un fonds spécial d’indemnisation était alors évoquée.

 

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