Manuel Valls : "Notre pays doit faire la démonstration que l'islam est compatible avec la démocratie"

Dans une tribune publiée par le JDD ce dimanche 31 juillet, Manuel Valls évoque la « construction de l’islam en France” comme un « chantier passionnant, exaltant, qui demande de remettre à plat tout ce qui doit être ». Il refuse également toute idée de « concordat » avec l’islam qui serait « une insulte à la laïcité ».

« L’islam a trouvé sa place dans la République »… mais « de nombreux musulmans de France sont pris en otages par le fondamentalisme, le salafisme, les Frères musulmans, qui font de leur culte un étendard, une arme contre les autres« . C’est avec ce double constat que Manuel Valls signe une tribune dans le Journal du dimanche ce 31 juillet. Une tribune largement consacrée à son regard sur la place de l’islam dans la République et qui fait suite à une interview au Monde deux jours plus tôt, davantage axée sur ses propositions pour enrayer le développement de l’islamisme radical.

Evoquant les liens forts qui unissent la France et l’islam depuis toujours, le Premier ministre estime tout d’abord que « c’est pour cette spécificité bien française qui s’ajoute à un vieil enracinement chrétien, à une présence juive de longue date, à un rôle important des francs- maçons, et parce que notre pays a été l’inventeur de la laïcité, que la France est la cible de l’État islamique ». Il relève également l’importance de “nos interventions militaires au Sahel et au Levant” mais conclut que l’islamisme radical, avant tout, “ne supporte pas que des millions de musulmans soient des citoyens libres de leur choix, jouant pleinement et loyalement le jeu de la République.

Ce sont à ces mêmes musulmans qu’il s’adresse lorsqu’il lance :

« Il faut une mobilisation générale de tous les acteurs publics et de la société civile dans son ensemble. Mais, au- delà, nous le voyons bien, ce qui est posé c’est la question de la construction de l’islam de France. Et les musulmans ont donc une immense responsabilité à assumer.

Notre pays doit faire au monde entier la démonstration éclatante que l’islam est compatible avec la démocratie. C’est un chantier passionnant, exaltant, qui demande de remettre à plat tout ce qui doit l’être. L’islam de France est un islam sunnite, sans hiérarchie ni clergé.​ »

Le « néo concordat » avec l’islam ? Une « insulte à la laïcité »

Comme dans Le Monde, le Premier ministre réaffirme ensuite ses propositions pour lutter contre la radicalisation, ce “poison terrible qui s’est répandu« , prenant « en otage » “de nombreux musulmans de France” : fermeture des lieux de culte qui abritent “ceux qui professent la haine et font l’apologie de la violence”, expulsions de ces mêmes prédicateurs “lorsqu’ils sont étrangers”, “prise en charge des individus, notamment dans ces structures adaptées que seront les centres de réinsertion et de citoyenneté”.

A l’instar de membres de l’opposition, Alain Juppé en tête, il martèle son souhait que les imams et aumôniers pratiquant dans l’Hexagone soient « désormais uniquement formés en France.” Quant au financement des lieux de culte, il en appelle à un « débat approfondi et renouvelé« . Sans trancher sur la solution à apporter, il estime qu’il faut « reconstruire une capacité de financement française« .  

Manuel Valls rejette enfin l’idée d’un « néo concordat » avec l’islam – une intention prêtée à Bernard Cazeneuve qui a depuis démenti – et qualifie l’idée « d’insulte à la laïcité« . 

Il conclut sa tribune en s’adressant de nouveau aux musulmans de France mais également à l’ensemble des citoyens :

« Il faudra un engagement massif et puissant. D’abord, des musulmans. Et je les appelle à agir dans leur famille, leur quartier. Mais aussi, de tous les citoyens dans un même élan fraternel, à rebours du repli sur soi ou de la nostalgie qui paralyse.« 

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