Dans son homélie d’hommage au père Jacques Hamel, le cardinal André Vingt-Trois a dénoncé le climat politique délétère en France. Il ne s’est pas non plus empêché une allusion directe au mariage pour tous…
Les vieilles pierres de Notre-Dame-de-Paris n’avaient pas entendu d’applaudissements depuis bien longtemps. François Hollande non plus. C’est pourtant bien le son de mains qui claquent qui a accompagné la sortie du chef de l’Etat de Notre-Dame-de-Paris, ce mercredi 27 juillet, à la fin de la messe tenue en hommage au père Jacques Hamel, assassiné mardi dans sa paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le chef de l’Etat, il est vrai, était aux côtés du cardinal André-Vingt-Trois, déjà applaudi – fait rarissime dans une église – à l’issue de son homélie. Un discours aux accents éminemment politiques, prononcé devant le chef de l’Etat, son Premier ministre, ainsi que Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d’Estaing, pour ne citer qu’eux…
Dans un climat politique irrespirable et devant deux potentiels candidats à la présidentielle, André Vingt-Trois dénonce la chasse « aux boucs-émissaires« , un « univers virtuel de polémiques et de violences verbales« . Ça grince un peu dans les premiers rangs de l’église… Le cardinal poursuit dans la même lignée : « Une société de confiance ne peut progresser que par le dialogue dans lequel les divergences s’écoutent et se respectent. »
Qui vise-t-il ? Bien trop politique pour le préciser, l’archevêque de Paris enchaîne sur un long développement en forme de manuel de dialogue à l’égard des politiques présents : « On invoque souvent les valeurs, comme une sorte de talisman pour lequel nous devrions résister coûte que coûte. Mais on est moins prolixe sur le contenu de ces valeurs, et c’est bien dommage. » Celui-ci s’élève contre la société de la peur, « le matraquage médiatique qui relaie la réalité par de véritables campagnes à côté desquelles les peurs de l’enfer des prédicateurs des siècles passés font figure de contes pour enfants. » Une « très belle homélie« , s’accordent à dire de nombreux politiques présents, parmi lesquels François Bayrou ou Bruno Le Maire. « Il est d’usage que l’archevêque de Paris fasse des discours assez politiques« , estime un proche de Nicolas Sarkozy, présent dans l’église et fervent catholique : « Le patron officiel, c’est le cardinal Barbarin, André Vingt-Trois est là pour passer le message de l’Eglise. »
Des messages de l’Eglise, ce soir, tous ou presque ont retenu le beau message de fraternité prononcé par l’archevêque de Paris. Pourtant, dans les allées de Notre-Dame, certains, plus vigilants, ont toussé en entendant la condamnation du « silence des élites devant les déviances des moeurs et la législation de ces déviances« . Une allusion évidente à la loi sur le mariage pour tous, appliquée sous le mandat d’un président présent à quelques mètres devant lui. Les hommes d’Eglise, eux aussi, savent bien faire de la politique. Pour le meilleur comme pour le pire.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments