"Moins pire que Sarkozy", le dernier argument de Hollande

Au cœur d’une séquence politique calamiteuse, défié par Emmanuel Macron, le chef de l’Etat ne veut se comparer qu’à Nicolas Sarkozy. Après le « tout sauf Sarko » en 2012, voici venu le « je suis moins pire que Sarkozy ».

Depuis Ajaccio, Nicolas Sarkozy avait fait savoir qu’il ne regarderait pas l’intervention télévisée de François Hollande pour ce dernier 14-Juillet du quinquennat. On n’est bien entendu pas obligé de le croire. Nul doute en tout cas que l’ex de l’Elysée recevra depuis la Corse les messages à son intention dont l’actuel chef de l’Etat a truffé son intervention.

Au cœur d’une séquence politique calamiteuse, défié au sein de son propre camp par un jeune ministre de l’Economie qui lui doit tout, François Hollande a choisi une nouvelle fois de se raccrocher à son épouvantail préféré. Le chef de l’Etat, qui estime que les conditions de sa candidature seront réunies à la fin de l’année, puisqu’il prédit une baisse du chômage avant la trêve des confiseurs, se projette déjà dans le premier tour de la présidentielle. Sans attendre les résultats de la compétition interne à droite des 20 et 27 novembre, il anticipe déjà le débat qu’il espère. Face à Nicolas Sarkozy. Un deuxième round à armes égales entre deux hommes politiques abîmés. Bilan contre bilan.
 
Dès les premières minutes de son intervention, le chef de l’Etat a ainsi déploré avoir hérité « d’un pays qui avait 40 de fièvre », dont on se demandait même « s’il ne fallait pas l’hospitaliser ». Avant de se féliciter : « Je vais laisser une situation où il y aura moins de déficit et moins d’impôts. J’aurais fait 46 milliards d’économies, mes prédécesseurs n’en avait pas fait ». Face à Nicolas Sarkozy et à la droite qui au Sénat a retravaillé la loi Travail jusqu’à supprimer la durée légale du temps de travail, le président pense pouvoir avancer un autre argument : « J’aurai permis à notre pays d’être en meilleur état en 2017 qu’en 2012. Pour ne pas être impopulaire, mieux vaut ne rien faire. Ce n’est pas ma conception de l’action politique ».

« Coiffeur gate » : « On peut me faire tous les reproches, sauf celui-là »

Au passage, il tacle aussi ceux qui, après les tragiques attentats du 13 novembre 2015, demandaient l’annulation de la conférence de Paris sur le Climat ou des fan zones pour l’Euro de foot. Nicolas Sarkozy avait ainsi estimé qu’il était imprudent de conserver ces rassemblements, un dispositif « pas adapté à un pays qui est en état d’urgence ».

La figure de l’ancien président est également convoquée pour justifier la polémique de la semaine, le salaire exorbitant de son coiffeur personnel qui s’élève, comme l’a révélé le Canard Enchaîné à un peu moins de 10.000 euros mensuels. « J’ai baissé mon salaire de 30%, j’ai supprimé 10% des effectifs de l’Elysée, j’ai diminué le budget de cette maison de 109 millions d’euros en 2012 à 100 millions. On peut me faire tous les reproches, sauf celui-là », peste-t-il. Avant de laisser planer une menace : « Je ne vais pas parler de ce qui passé avant… ». L’affaire dite du « coiffeur de l’Elysée » a fait resurgir sur les réseaux sociaux les articles consacrés à Marina Michenet, maquilleuse attitrée de Nicolas Sarkozy qui émargeait à 8.000 euros mensuels.

Qu’importe si son quinquennat a fracturé son propre camp, donnant corps à la prophétie de Manuel Valls – il annonçait l’avènement de deux gauches « irréconciliables ». François Hollande pense s’ériger en protecteur de la « Maison France », une expression qui fleure le slogan de campagne, remake de la « France Unie » de François Mitterrand en 1988. Cette Maison France peut « à tout moment non pas se lézarder mais se séparer », ajoute-t-il, mettant en garde contre « la dégradation de la cohésion nationale » et « la dislocation républicaine » qui guette. En d’autres termes, votez pour lui, c’est le moins pire !

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