Motion de censure : "Aux frondeurs, il manque toujours une paire !"

Dans les couloirs de l’Assemblée, les vaines tentatives de députés de gauche, dont les frondeurs du PS, de déposer une motion de censure contre le gouvernement de Valls, ont au pire énervé, au mieux fait sourire. Car à chaque fois, elles ont échoué à deux signatures près. Pur hasard ou sabordage volontaire ?

Après avoir suscité de la crainte, voire de l’hostilité, le mouvement des frondeurs du PS semble ne plus provoquer grand-chose. A part peut-être, un peu de moquerie… Et pour cause, les impétrants, qui s’étaient soulevés il y a deux ans contre la politique du gouvernement de Manuel Valls, ne sont jamais allés vraiment au bout de leur logique.

Seuls trois d’entre eux avaient montré une certaine cohérence : Christophe Léonard, député socialiste des Ardennes qui avait été le seul à voter contre la loi de finances rectificative (PLFR) pour 2014 ou encore Philippe Noguès et Pouria Amirshahi qui ont décidé de quitter le bateau ivre socialiste.

Pour les autres, cette position d’équilibriste, un pied dedans, un pied dehors, a fini par les rendre inoffensifs. Aux yeux de leur principal adversaire en tout cas : Manuel Valls.

« Ils ont perdu le peu de crédibilité qu’il leur restait »Selon des confidences rapportées ce mercredi 13 juillet par le Canard enchainé, le Premier ministre ne mâche pas ses mots : « Il n’y a plus rien à tirer de ces mecs (…) A force de scénariser leur combat, de dire ‘retenez-moi ou je fais un malheur’, ils ont perdu le peu de crédibilité qu’il leur restait », a-t-il confié selon l’hedomadaire à des visiteurs. Et de conclure : « C’est de la tactique à la petite semaine. Les frondeurs ont surtout démontré leur courage en refusant de courir le risque de ne pas obtenir une investiture PS aux législatives ».

Pourtant, les frondeurs avaient bonne presse et bénéficiaient d’un certain soutien dans l’opinion. Ainsi, selon un sondage Odoxa publié le 28 juin, 73 % des Français estimaient « choquant » l’utilisation d’un nouveau 49-3 pour faire passer définitivement la loi Travail. De quoi conforter les rebelles socialistes dans leur combat. Sauf que 58 % des personnes interrogées considéraient aussi que si une nouvelle motion de censure était déposée par la droite, les députés de gauche devraient la voter. Heureusement pour eux, il n’y en eut pas. Ouf ! Mais le résultat de ce sondage montrait bien l’attente de les voir aller jusqu’au bout de leur démarche d’opposition. 

Dans les couloirs de l’Assemblée aussi, leur tentative de déposer leur propre motion de censure, qui échoua par deux fois à deux signatures près, fait sourire. Certains soupçonnent ainsi les frondeurs d’avoir un peu forcé le destin, se débrouillant pour ne pas réunir les 58 signatures nécessaires au dépôt de la motion. Un moyen pour eux de montrer leur opposition, sans pour autant avoir à en assumer les conséquences : une exclusion du PS. D’ailleurs, comme rapporte encore le Palmipède, ce second échec aurait provoqué ce commentaire ironique dans les couloirs du Palais Bourbon : « Aux frondeurs, il leur en manque toujours une paire ! »

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