Hijab Day, Burkini : la femme est toujours l’arme du crime

Une sénatrice écologiste avait aidé à faire du voile islamique le signe de la pudeur il y a quelques mois. Puis, nous avons assisté au Hijab Day, parce que la pudeur islamique, c’est ludique à l’université. Cet été, Center Parcs inaugure l’interdiction du string-bikini mais autorise le burkini, une combinaison de plongée valant maillot de bain. La nouvelle offensive des islamistes passe par ce chantage à la pudeur. C’est le « Djihab » : le Djihad commence avec la banalisation du Hijab, avec la normalisation des normes religieuses, avec la prise en compte anticipée dans les business plan des entreprises d’une clientèle communautaire avec un vrai pouvoir d’achat.

L’œuvre des islamistes : nouer le voile à la pudeur. Ce qui revient à faire des femmes qui ne le portent pas des putes. Nous ne sommes plus dans la logique du « Ni pute ni soumise », mais dans celle du « Ni pute, ni Pudique ». Cette alternative entre la pute et la pudique est imposée par les religieux et leurs idiots utiles. Mais elle n’existe que dans leurs têtes, nous ne devons pas la laisser s’installer dans la société. Leur victoire est déjà dans l’installation de la pudeur comme mètre-étalon à l’aune duquel se mesure la valeur des femmes. C’est déjà se placer dans le repère orthonormé religieux. C’est déjà une défaite politique. 

La même logique de culpabilisation du corps féminin

L’initiative du Hijab Day dans un milieu universitaire était déjà significative du changement de stratégie des islamistes. Sous-traiter la contrainte. La soumission avait ceci de dépassé pour les nouveaux ayatollahs qu’elle signalait trop ostensiblement sa dimension oppressive et coercitive en étant imposée de l’extérieur. Mais avec cette récente insistance sur la pudeur, cette criminalisation du corps féminin repose entièrement sur les femmes : la contrainte devient endogène, les femmes se l’imposent à elles-mêmes.  Et avec le sourire : le Hijab Day se voulait festif, il s’agissait « d’une expérience amusante » à vivre. A destination des femmes non-musulmanes. Le voile étant ainsi moins une affaire d’islam que de féminité s’émancipant de l’impudeur occidentale. Le voile devient l’horizon, le périmètre d’épanouissement de la femme.  Et c’est trop fun. Les fantassins sémantiques ont déjà permis d’installer le crime imaginaire qu’est l’islamophobie, le hijab prend la place de voile dans nos bouches et dans nos têtes. L’été est là, le burkini va-t-il occuper les plages et les bords de piscine ?

Avec ce lien noué entre voile et pudeur, les religieux inversent la charge de la preuve et de la responsabilité. Ils externalisent le contrôle des pulsions masculines vers les femmes. En matière de sexualité, la pudeur incombe aux femmes : c’est à elles de ne pas susciter le désir des hommes en exposant des parties de leurs corps. Mais qu’est ce qui excite les hommes ? Des jambes nues ? Des cheveux lâchés ? Un visage ? Une silhouette ? Ou le simple fait d’être une femme, même dissimulée entièrement sous des tissus ? On en vient à penser que les hommes sont perpétuellement en rut. Les femmes n’en feront jamais assez. Le rapport Femmes et sports de Brigitte Deydier, remis au ministre de la Parité et de l’Egalité professionnelle alertait dès 2004 sur un recul de la pratique sportive des filles dans les quartiers en difficultés. Le sport est impudique puisqu’il met en mouvement le corps. C’est la même logique de culpabilisation du corps féminin qui est à l’œuvre, la nouveauté tient à son étendue et à l’étrange complaisance dont elle bénéfice dans les médias, chez certains élus et intellectuels. Ils cautionnent un système dans lequel les femmes qui ne portent pas le foulard invitent, voire incitent, à la luxure. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, les islamistes ne manquent pas de qualifier les femmes ne portant pas le voile de « dénudées ». 

L’ensevelissement textile se poursuivra par effet cliquetLe rapport Obin Signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires (1) se montrait si lucide quand il signalait que « Partout, le contrôle moral et la surveillance des hommes sur les femmes tendent à se renforcer et à prendre des proportions obsessionnelles (…). Presque partout la mixité est dénoncée, pourchassée, et les lieux mixtes comme les cinémas et les centres sociaux et les équipements sportifs sont interdits ». L’obsession du voile est du côté de ceux qui veulent en généraliser et en normaliser le port. L’ensevelissement textile se poursuivra par effet cliquet : une fois le voile généralisé et devenu la norme et la nouvelle normalité, il faut déjà aller plus loin avec la mode islamique pour la même raison que celle soulignée dans le rapport Obin : « (la progression) du religieux est peut-être le résultat d’une surenchère entre mouvements rivaux dans une perspective de contrôle des populations et d’un quartier ». Apres le voile, c’est le corps tout entier qu’il faut cacher au nom de cette même pudeur. Puis, la liberté de circuler dans l’espace public, déjà soumise à un couvre-feu dans les quartiers, est déjà présentée et intégrée dans l’esprit des femmes comme un pousse-au-crime. Les femmes n’en feront jamais assez.

Vers une société multi-culturelle sans le dire et sans l’assumer

L’été est là. Une entreprise comme Center Parcs, la mode islamique dite par ce hold-up sémantique, « pudique », la pratique rigoriste de l’islam rend captif une communauté et il devient plus facile d’anticiper ses demandes et de l’attirer par des offres spécifiques. On sait déjà que le business du halal en France avoisine les 6 milliards d’euros. L’intersectionnalité quitte les bancs des universités pour rejoindre celle des entreprises. Halal, finance islamique, mode islamique. Il ne s’agit plus de clients. Mais de membres d’une communauté qui dispose d’un vrai pouvoir d’achat en étant soumis au grégarisme religieux.

Nous allons vers une société multi-culturelle sans le dire et sans l’assumer, par petites touches, par mithridatisation. Alors même que nos amis Canadiens sont pris dans cette contradiction et tentent d’en sortir par le haut, c’est-à-dire par une demande de plus de laïcité. Je conseille d’ailleurs cette exposition montée dans un musée de Montréal créé de toute pièce, d’abord dans un ancien lavomatic, maintenant dans un espace de 1.500 mètres carrés, par une femme extraordinaire. Le musée est celui de la femme. L’exposition temporaire : Bikini-ni Burkini-ni. Sa fondatrice, l’avocate et muséologue Lydie Olga Ntap.

En France, en 2016, le burkini doit rester plus choquant que le string-bikini. La contrainte faite aux femmes provient dorénavant, par niche opportuniste, du capitalisme. La normalisation de normes religieuses inédites, importées, rigoristes, est assise par des élus opportunistes (et la sénatrice Benbassa, qui a évoqué la contrainte par la publicité de la mini-jupe ne doit voir que joie et épanouissement dans le voile et le burkini), une administration obséquieuse (voir les consignes sur les oraux du bac à l’occasion de l’Aïd) et des entreprises en quête de clientèles captives. La dalle est posée, les murs porteurs sont en voie d’édification. Notre maison commune brûle, et nous regardons ailleurs.

La Laïcité, l’égale dignité femme-homme, le refus de valider la pudeur comme valeur politique et de la lier à un degré d’ensevelissement textile, voilà des enjeux rendus urgents par l’offensive islamiste.

 

(1) 2004, Sous l’égide de L’Inspection générale de l’Education nationale, groupe Etablissements et vie scolaire. Rapport critiqué par la gauche tout à son aveuglement idéologique.

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