Comment Starbucks échappe toujours aux impôts en France malgré ses bénéfices

Le groupe Starbucks engrange des milliards de dollars de bénéfices dans le monde sans payer, parfois, un centime d’euros d’impôts dans les pays où il réalise ses ventes. C’est le cas en France, où la multinationale américaine s’est même longtemps déclarée déficitaire. Un scandale notamment permis par la complicité de certains états, dont la Suisse ou encore les Pays Bas…

La multinationale américaine Starbucks, où vous achetez peut-être votre café chaque matin, ne paie toujours pas d’impôts en France malgré ses bénéfices faramineux : plus de deux milliards de dollars au total selon France Info – pour un chiffre d’affaire de 19 milliards de dollars en 2015 – dont 728.679 euros de bénéfices enregistrés dans l’Hexagone. Une montagne de billets qui continue d’être soigneusement mise à l’abri des administrations fiscales des différents pays investis, et notamment du fisc français. Et ce, de manière tout à fait légale.

Pour cela, Starbucks a en effet mis en place un système imparable. La firme dégrade volontairement la rentabilité de certaines de ses filières, celles qui pourraient être un peu trop assujetties à l’impôt à son goût – à l’instar de sa filière tricolore, Starbucks Coffee France SAS – afin que ladite filière apparaisse déficitaire et échappe à l’impôt. Ainsi, Starbucks Coffee France SAS a-t-elle cumulé 45 millions d’euros de pertes dans le passé en France, de telle sorte que malgré son bilan positif en 2015, elle peut comme toute autre entreprise, prétendre à ce que soient déduites de son taux d’imposition ses pertes précédentes. Comment Starbucks parvient-il cependant à déprécier ses actifs ? C’est bien simple : la chaîne impose entre autres « à sa filiale française de payer des royalties sur une multitude de choses », explique BFM Business.

« La marque, le logo, les recettes de cuisine, l’agencement des magasins, l’ameublement, et même le business plan », tout y passe ! L’argent prélevé suit ensuite un circuit complexe, longtemps tenu secret avant d’être révélé en 2014 par une enquête de la Commission européenne.

Starbucks, suivez le circuit du fric et du café

L’argent atterrit, nous apprend donc Bruxelles, dans un premier temps sur les comptes d’une société néerlandaise, Starbucks Coffee EMEA BV, qui va à son tour payer des royalties à une société anglaise, Alki LP, en réalité détenue par deux holdings néerlandaises, appartenant quant à elles à une société américaine, Starbucks Coffee International Inc, qui empoche par conséquent indirectement le magot.

Surtout, ajoute BFM Business, « tous les magasins sont obligés d’acheter le café, le thé, les tasses, la nourriture, ou encore les serviettes en papier, à une autre société néerlandaise, Starbucks Manufacturing EMEA BV ». Or, Bruxelles a jugé les prix pratiqués par cette dernière « excessifs ». D’autant qu’une fois achetés, les grains de café doivent encore être torréfiés à Amsterdam, toujours via Starbucks Manufacturing EMEA BV, et que l’opération se révèle là aussi excessivement coûteuse en raison une nouvelle fois de royalties.

Si depuis les révélations de la Commission, Starbucks a été prié de repenser les rouages de ce montage financier – la société Alki LP ayant été liquidée – le groupe continue de bénéficier de la complicité de certains états, comme la Suisse ou encore les Pays-Bas, qui ont respectivement conclu avec la firme américaine des accords spécifiques permettant de réduire fortement son taux d’imposition…

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