L’ex-président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso, s’apprête à rejoindre la banque d’affaires américaine Goldman Sachs, autrement dit l’un des principaux acteurs… de la crise financière de 2008 qui a si durement touché le Vieux continent. Une décision qui suscite l’indignation en France et ailleurs en Europe.
Une honte. La nomination de l’ancien président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso, en tant que conseiller chez Goldman Sachs, la banque d’affaires américaine, annoncée publiquement ce samedi 9 juillet, est tout simplement une honte. Celui qui s’était fait, au cours de son mandat entre 2004 et 2014, le chantre du libéralisme et de l’austérité, est parti pantoufler chez l’un des principaux acteurs de la crise des subprimes – les crédits immobiliers à risque – qui a si violemment frappé l’Union européenne et ses populations en 2008. Crise à laquelle Barroso avait lui-même, à l’époque, dû faire face.
Mais des coupes budgétaires qui avaient alors étranglé les Grecs, les Espagnols ou encore les Portugais, de leur détresse narguée par les profits réalisés au même moment par la banque américaine – plus de 10 milliards de dollars en 2007, en partie sur le dos de clients floués -, José Manuel Barroso a tout oublié. Qu’importe donc si Goldman Sachs, afin d’éviter toute poursuite judiciaire, a été contrainte par la justice américaine à payer une amende de 5 milliards de dollars en avril pour avoir sciemment vendu pendant deux ans, de 2005 à 2007, des produits crédits immobiliers convertis en produits financiers toxiques. José Manuel Barroso préfère, lui, voir dans cette nomination un « défi intéressant et stimulant », après avoir passé, explique-t-il à l’hebdomadaire portugais Expresso, « plus de trente ans dans la politique et le service public. »
Un « défi stimulant » toutefois très critiqué par une partie de la classe politique, à l’instar du secrétaire d’Etat français au commerce extérieur, le socialiste Matthias Fekl, qui a déploré sur Twitter « l’indécence » de Barroso, « représentant d’une vieille Europe » qu’il convient de toute urgence de « changer. » Même indignation au sein de la gauche portugaise, qui critique elle aussi une « élite (…) sans vergogne » par la voix Pedro Filipe Soares, le chef de file du Bloco de esquerda, le Parti de gauche. Silence, en revanche, chez les grands dirigeants européens…
Desservir les citoyens, se servir chez Goldman Sachs: #Barroso, représentant indécent d’une vieille Europe que notre génération va changer
— Matthias Fekl (@MatthiasFekl) 8 juillet 2016
Pour la Commission européenne cependant, José Manuel Barroso n’a violé « aucune règle », explique Les Echos, puisque « rien n’oblige les anciens membres de la Commission à rendre des comptes au-delà de 18 mois après la fin de leur mandat. » Une vision de l’éthique qui n’est peut-être pas étrangère au sentiment de lassitude et de colère qui a par exemple abouti au vote en faveur du Brexit le 23 juin dernier…
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