Mariano Rajoy, sorti vainqueur des dernières élections générales en Espagne, est dans une situation délicate. Le Parti socialiste espagnol, réuni en comité fédéral ce week-end, a décidé qu’il voterait contre l’investiture d’un éventuel gouvernement emmené par le chef de file des conservateurs.
Loin du compte. Mariano Rajoy, sorti vainqueur des dernières élections générales avec 33% des voix (passant de 123 à 137 députés), n’est pourtant pas sorti de l’auberge… Il lui manque pas moins de 39 sièges pour obtenir la majorité absolue au Parlement. Et le PSOE, le Parti socialiste espagnol, est bien décidé à lui compliquer la tâche.
A l’occasion de leur comité fédéral ce samedi 9 juillet, les 300 dirigeants socialistes réunis à Madrid, dont leur secrétaire général Pedro Sanchez, ont tranché. Ils diront non à Mariano Rajoy lorsqu’il se présentera devant les parlementaires pour obtenir l’investiture de son gouvernement. Et avec 85 élus, les socialistes ont les moyens de leur menace. » [Mariano Rajoy] ne pourra pas compter sur nos voix pour obtenir l’investiture », le PSOE dit « non à une grande coalition (avec les conservateurs), non au soutien au Parlement d’un gouvernement du Parti populaire et non à l’investiture de Mariano Rajoy », a ainsi expliqué le chef des socialistes à l’issue de cette réunion.
Avec cette décision, c’est un chemin de croix qui se dessine à l’horizon pour Rajoy, tant il semble isolé sur l’échiquier politique. Sur les trois prises de contact qu’il a eues jusqu’à présent, avec la Coalition canarienne, un parti régionaliste (1 député), le Parti nationaliste basque (6 députés) et les indépendantistes de la gauche républicaine catalane (9 députés), tous lui ont opposé une fin de non-recevoir. Et au lieu de soigner le parti centriste Ciudadanos, qui avec ses 32 élus pourrait être un soutien de poids, Mariano Rajoy a préféré jusque-là jouer la carte du mépris.
D’une part, parce qu’il sait pertinemment qu’un gouvernement PP/Ciudadanos ne pourrait voir le jour que s’il passait la main, le chef de file du jeune parti centriste Albert Rivera ayant promis lors de la campagne qu’il refuserait de gouverner avec lui. « Nous sommes sur une position claire de régénération et de changement (…) qui se heurte aux politiques menées par la majorité absolue de Rajoy, et surtout le manque de régénération politique et démocratique qu’a démontré ce gouvernement avec la corruption et l’absence d’ambition réformiste », a réaffirmé le jeune dirigeant politique dans la presse. Et Mariano Rajoy n’est pas encore décidé à faire le sacrifice de sa personne pour que sa formation puisse diriger.
.@Albert_Rivera « Somos un partido centrista que defiende políticas de cambio y regeneración para modernizar España »https://t.co/zo4eswDqba
— Ciudadanos Granada (@CsGranada) 10 juillet 2016
D’autre part, parce que Rivera a déjà déclaré qu’il s’abstiendrait lors du vote de confiance, refusant d’être tenu pour responsable d’un nouveau retour aux urnes. Pour cause, entre les deux élections générales, Ciudadanos est passé de 40 à 32 sièges. Le Premier ministre estime qu’il n’a donc pas grand-chose à attendre de cette rencontre.
« Les socialistes s’engagent à diriger l’opposition »Pour le PSOE en revanche, cette situation lui permet de se replacer au centre du jeu, en se positionnant comme la véritable formation d’opposition. Podemos, malgré des sondages qui le plaçaient déjà comme la première force de gauche, n’a pas réussi à dépasser le PSOE. Pédro Sanchez a ainsi déclaré que « les socialistes s’engagent à diriger l’opposition ». Avec l’espoir de séduire des électeurs de la formation de Pablo Iglesias.
Mais les socialistes assumeront-ils cette position jusqu’au bout ? La question reste en suspens. Depuis son élection à la tête du PSOE, Pedro Sanchez doit composer avec une opposition très active dans ses rangs, emmenée par Susana Diaz, la Présidente de la communauté autonome d’Andalousie, soutenue par une partie des « barons ». Pour éviter de devoir assumer de nouvelles élections, certains seraient tentés de s’abstenir lors du vote de confiance. Mais même dans cette hypothèse, Mariano Rajoy se retrouverait à la tête d’un gouvernement avec une majorité relative pour le soutenir. Ce qui l’obligerait à négocier avec l’ensemble des formations politiques pour mettre en œuvre sa politique.
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