Petit pédé, tu as enfin le droit de ne pas donner ton sang

Ivre de son désir de changer la vie des LGBT, le gouvernement socialiste a réalisé une promesse faite aux gays : lever la discrimination qui leur est faite, d’emblée et quels que soient leurs comportements, à l’entrée du don du sang. Désormais, ils doivent seulement se montrer abstinents pendant un an.

Petit pédé, tu es né le 10 juillet 1984. Tu as de la chance, deux ans plus tôt, tu aurais vu le jour dans un pays où l’homosexualité était encore la cible d’une répression pénale spécifique. Il te faudra en revanche attendre de savoir lire pour vivre dans un monde où l’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie mentale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). On est en 1990 et le monde a retiré les parenthèses qui promettaient d’entourer ta vie.

Par la suite, tes futurs droits progresseront à une vitesse affolante. L’année de tes 15 ans (1999), la France adopte dans la bonne humeur le Pacs, qui permet aux couples homosexuels exclus du mariage républicain de tout de même sceller administrativement leur union. Presque quinze ans plus tard, un même élan d’amour national envers la communauté LGBT aboutira à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels. Nous sommes en 2013, tu n’as pas encore 30 ans et la France a enfin retiré les parenthèses qui entouraient ton éventuelle vie de couple.

Entre-temps, tu as retiré tes propres parenthèses en faisant ton coming-out. Et si tant est que tu pardonnes à ton président socialiste d’avoir considéré un temps que le fait de refuser de te marier relevait de la « liberté de conscience » des maires, et que tu ignores les saillies de Christique Boutin qui, considérant que l’homosexualité est une abomination, est toujours suivie par des centaines de milliers de personnes en France, tu peux enfin vivre ta vie sans parenthèses.

Mais tous ces droits acquis ne seraient pas complets sans celui-ci, acquis le jour de tes 32 ans : celui de faire un don du sang. Ivre de son désir de changer la vie des LGBT, le gouvernement socialiste n’a pas seulement abrogé il y a huit jours une circulaire qu’il avait lui-même édictée en 2013 pour menacer de sanctions pénales les gynécos qui aideraient les lesbiennes à avoir recours à une PMA à l’étranger. Non, il a aussi réalisé une autre promesse faite aux gays : lever la discrimination qui leur est faite, d’emblée et quels que soient leurs comportements, à l’entrée du don du sang. Une décision annoncée en novembre dernier, suivie d’un décret entré en vigueur ce dimanche 10 juillet.

Désormais, tu peux donc répondre à cet appel pressant de l’Etablissement français du sang : « Je donne mon sang, je sauve des vies ! » Comme un garçon normal, tu pourras remplir le questionnaire destiné à éliminer du don les candidats ayant des comportements à risques, notamment sexuels. Ainsi, on te demandera si tu as eu plusieurs partenaires sexuels dans les quatre derniers mois. Comme ton congénère hétéro, si tu réponds oui, tu seras éjecté du don. Pas question de prendre le risque qu’une poche de sang passe entre les mailles des mesures de sécurité à cause d’une contamination trop récente pour être détectée.

Si ton congénère répond non à cette question, en revanche, et si tant est qu’il remplisse les autres critères, on fera confiance à sa déclaration et on prélèvera son sang. Pas toi, petit pédé. Toi, tu dois répondre à une autre question, cinq lignes plus bas : « Avez-vous eu, dans le 12 derniers mois, un rapport sexuel avec un autre homme ? » Là, on ne parle plus de la précaution de quatre mois. Et on ne parle pas non plus de plusieurs partenaires. Tu aurais beau vouloir répondre que tu as rencontré un garçon il y a un an, que vous vous êtes protégés, que contrairement à beaucoup de tes amis hétéros vous avez fait un test VIH avant de retirer la capote il y a six mois, on ne te demande pas ça. Tu pourrais l’avoir épousé il y a trois ans et avoir la vie sexuelle la plus ennuyeuse du monde, il te suffit d’avoir eu un rapport avec lui en un an pour être éjecté. Si donc tu as fêté ton anniversaire au lit avec lui ce dimanche, il te faudra attendre d’avoir 33 ans pour donner ton sang.

Ce nouveau droit qui t’as été accordé, petit pédé, c’est celui de ne pas donner ton sang. Ou celui de remettre ta vie entre parenthèses.

 


 

 Retrouvez Marianne sur notre appli et sur les réseaux sociaux, 
ou abonnez-vous :

Marianne sur App Store   Marianne sur Google Play  

Marianne sur Facebook   Marianne sur Twitter   Marianne sur Instagram

S'abonner au magazine Marianne

 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply