A l’occasion de l’Euro de football, dont la finale oppose ce dimanche 10 juillet les Bleus à l’équipe du Portugal au Stade de France, les Français ont pu observer à quel point François Hollande prend son pied en tribunes. Confirmant le lien historique qui unit nos présidents de la République au ballon rond…
Le chef de l’Etat essayant de lancer un « pogo » en tribune présidentielle, bousculant le patron de la fédération française de football… Une scène surréaliste que nous a offerte jeudi soir François Hollande au Stade Vélodrome de Marseille, lors de la victoire historique des Bleus face à l’Allemagne en demi-finale de l’Euro.
François Hollande fête le penalty d’Antoine Griezmann en poussant Noël Le Graët ! pic.twitter.com/5izClAWKG4
— LaMinuteFootball (@laminfootball) 8 juillet 2016
Mais que les adeptes du Hollande-bashing ne crient pas trop vite à la récupération politique : l’enthousiasme débordant du président de la République, reprenant une gestuelle propre aux supporters ultras et aux fans de concerts de hard-rock, n’est pas forcément feinte. François Hollande est en effet un mordu notoire de ballon rond, depuis l’enfance. Une passion que partageaient également certains de ses prédécesseurs à l’Elysée…
Point commun entre François Hollande et Charles De Gaulle, outre leur passage à l’Elysée : tous deux ont pratiqué le football dans leur jeunesse. Et l’actuel président, supporter de l’AS Monaco, a gardé intacte sa passion pour le ballon rond. Depuis 2012, François Hollande se rend ainsi régulièrement aux rencontres de l’équipe de France et à celles du Red Star, mythique club parisien aux antipodes du bling-bling PSG.
S’il se plaît dans les travées, le chef de l’Etat paraît en revanche bien moins à l’aise sur un terrain. Les années ont passé certes, mais la technique balle au pied de l’ancien maire de Tulle est des plus limitées, comme l’attestent ces images d’un match amical qu’il avait disputé en 2008 pour une œuvre caritative.
Pourtant, dans sa jeunesse, François Hollande ne souhaitait pas devenir président de la République mais bien joueur de foot professionnel. Finalement, il ne nourrit aujourd’hui « aucun regret ». Et s’explique : « En plus, je n’étais pas vraiment doué pour le football. Je me suis fait cette conclusion. » Lucide.
Lui non plus n’est pas très à l’aise avec ses pieds. Il faut dire que Nicolas Sarkozy réserve ses talents sportifs pour sa véritable passion : le cyclisme. Mais l’ancien maire de Neuilly a toujours supporté le Paris Saint-Germain au Parc des Princes, où une caméra de France 3 l’avait déjà suivi en 1994 en compagnie de son fils Jean. Avec leurs brushings so nineties…
Une certaine idée du développement du footDe tous les présidents de la Vème République, Nicolas Sarkozy est sans doute celui qui a le plus œuvré pour le développement du football en France. Enfin… une certaine idée de son développement : le rachat du PSG par les Qataris et la tenue de l’Euro cette année. C’est lui qui a ainsi cédé aux exigences mirobolantes de l’UEFA pour accueillir la compétition, à savoir une exonération fiscale quasi-totale. Une décision que les députés, à majorité socialistes, ont ensuite entérinée en 2014. Quant au PSG, Nicolas Sarkozy n’a jamais condamné le rôle du Qatar dans ses oeuvres douteuses. Invité de la matinale de RTL en janvier 2015, il avait ainsi balayé le sujet : « Vous croyez que François Mitterrand, Jacques Chirac, moi-même hier, François Hollande aujourd’hui, on aurait cette politique d’amitié avec le Qatar si nous pensions que le Qatar, c’était uniquement le financeur du terrorisme ? » On relèvera le « uniquement ».
« Quand je le vois suivre des matchs de tennis! ‘Enfin, Jacques, vous n’avez jamais tenu une raquette de tennis de votre vie!’ Cela ne lui fait pas plaisir. ‘Mais, Bichette, regardez cette joueuse magnifique.’ Oh, que ça m’agace ! » Ces quelques lignes de littérature, signées Bernadette, illustrent le désintérêt total de Jacques Chirac pour le sport. Et le football n’échappe pas à la règle, du moins… jusqu’à la Coupe du monde de football organisée en France en 1998.
Tout au long de la compétition, Jacques Chirac a alors assuré le show dans le carré présidentiel du Stade de France, notamment lors de la fameuse finale gagnée face au Brésil. Avant même le coup d’envoi, le président s’illustre malgré lui quand il s’agit d’accompagner l’annonce de la composition de l’équipe. Ainsi peut-on voir Jacques Chirac galérer avec les noms de tous les joueurs, à l’exception des Deschamps, Zidane et Barthez.
« Jospin aime le sport, Chirac les sportifs »Et 1, et 2, et 3-0 ! C’est le feu en tribune et le grand Jacques a revêtu le maillot tricolore, qu’il portera fièrement jusque dans les vestiaires, où il enlace carrément les joueurs et embrasse le crâne chauve de Fabien Barthez, en hommage au rituel de Laurent Blanc. Un spectacle qu’il offre au côté d’un Lionel Jospin qui, pourtant féru de foot, reste droit comme un « i »…. Ce que synthétise en une formule Michel Platini, qui organisait alors la compétition : « Lionel Jospin aime le sport et Jacques Chirac aime les sportifs ». Et les troisièmes mi-temps.
Le fin lettré François Mitterrand avait-il honte de ses passions ? « Détestant les revues de presse qu’on lui préparait, il préférait lire lui-même ses journaux. Sans oublier L’Equipe« , confie en 1996 le journaliste Bernard Mazières dans L’Express. Féru de sport, notamment de football, François Mitterrand a assisté aux quatorze finales de la Coupe de France tout au long de ses septennats. Et il se rendait aussi à des rencontres du PSG, souvent accompagné de Philippe Séguin, amoureux du club de la capitale.
Mais François Mitterrand n’évoquait jamais publiquement son grand intérêt pour le football. Et là encore, Michel Platini, définitivement un homme de réseaux puisqu’il l’a côtoyé lui aussi lors de l’Euro victorieux organisé en France en 1984, a le fin mot de l’histoire : « C’est un homme politique qui aimait le sport – je le savais à l’époque, sans avoir entretenu de rapports personnels avec lui – mais il en a très peu parlé dans ses discours officiels. A mes yeux, durant son premier septennat, il ne se distinguait guère de ses prédécesseurs et de la quasi-totalité des hommes politiques français pour qui le sport était le cadet de leurs soucis, à l’exception notable de Philippe Séguin. »
Crâne dans le vent et short ras-les-adducteurs, le plus célèbre des Auvergnats gambade avec grâce sur le terrain communal de Chamalières. A l’occasion d’une rencontre opposant les conseillers municipaux aux commerçants, Monsieur le Maire a invité les caméras.
Précision : nous sommes en 1973, Giscard est ministre des Finances de Pompidou et, déjà, ses dents rayent la pelouse. Peut-être aurait-il dû, après les dîners chez les Français quand il est devenu Président, aller jusqu’à taper le ballon dans leur jardin ?
La France accueille en 2016 son troisième Euro de foot, après 1984 et 1960. Cette année-là (1960), si les Beatles n’étaient pas encore quatre garçons dans le vent, le championnat d’Europe des Nations venait d’ouvrir ses ailes. Et c’est en France, sous la présidence du Général, que les Bleus ont fini à la quatrième place du tournoi originel, éliminés en demi-finale par la Yougoslavie (4-5) et défaits par la Tchécoslovaquie (0-2) lors de la petite finale.
De Gaulle en ramasseur de balleUn résultat décevant qui a certainement dû entamer le moral du chef de l’Etat, grand amateur de football, qu’il a pratiqué étant jeune. Peut-être jouait-il alors gardien de but, une séquence démontrant son habileté avec les mains. Lors de la finale de la Coupe de France 1973, un joueur de l’Olympique lyonnais – qui a battu ce soir-là Sochaux – a en effet dégagé sans fioritures le ballon, jusque dans la tribune présidentielle et… les mains gauliennes. Visiblement amusé, le grand Charles s’est levé et a relancé le cuir sur le pré (02:57 sur la vidéo ci-dessous), provoquant les applaudissements de l’assistance.
Après le « pogo » ce jeudi, François Hollande jouera-t-il lui aussi au ramasseur de balle ce dimanche soir au Stade de France ?
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