Fin du ramadan : l'Aïd fait irruption dans le bac

La Maison des examens en Ile-de-France permet aux lycéens qui fêtent la fin du ramadan ce mercredi 6 juillet de reporter leurs oraux de rattrapages du bac, qui commenceront le même jour jusqu’à vendredi. Une entorse à la laïcité de l’enseignement qui s’appuie sur des circulaires existantes.

L’Aïd ou le bac, les bacheliers musulmans n’auront pas à choisir. Le directeur de la Maison des examens de Paris (Siec), Vincent Goudet, a transmis aux proviseurs des académies de Créteil, Versailles et Paris une note permettant aux élèves fêtant la fin du Ramadan – ou Aïd-el-fitr, fixé cette année au mercredi 6 juillet – de reporter leurs oraux de rattrapages, qui commencent le même jour jusqu’au vendredi 8 juillet.

En matière de relations entre enseignement et croyance religieuse, la règle d’or de la laïcité française est pourtant que « les convictions religieuses ne sauraient s’opposer à l’obligation d’assiduité ni aux modalités d’un examen ». Mais selon un communiqué du ministère de l’Education nationale, le Siec a « appliqué deux circulaires prises par les précédents gouvernements ». Et de souligner que « c’est d’ailleurs selon ces mêmes règles que certains bacheliers de confession juive ont pu bénéficier d’un report de l’oral lundi 13 juin 2016 dernier à l’occasion de la Pentecôte (Chavouot) ».

L’Aïd-el-Fitr fixé trop tard pour le prévoir

Pour les candidats au bac, souligne Vincent Goudet, c’est la circulaire du 18 mai 2004 sur le port des signes religieux qui s’applique, indiquant que l’institution scolaire « doit prendre les dispositions nécessaires pour qu’aucun examen ni aucune épreuve importante ne soient organisés le jour de ces grandes fêtes religieuses ». Or, souligne-t-il, comme la date de l’Aïd el Fitr n’est décidée que quelques jours avant – de facto ce lundi -, elle n’a pas pu être prise en compte dans le calendrier du bac, établi des mois à l’avance.

Reste que comme le relève pour Le Figaro le rapporteur général de l’Observatoire de la Laïcité, Nicolas Cadène, la mesure contribue à assigner les élèves à leur pratique religieuse : « C’est contraire à l’approche laïque ». Vendredi, le principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN-Unsa, avait critiqué dans un communiqué les consignes du Siec : « Si les chefs de centre doivent interroger tous les candidats pour savoir s’ils viennent ou non, du fait de l’Aïd, c’est, dans la pratique, ouvrir un droit général pour tous de différer d’un jour leurs épreuves et pour les enseignants, de réduire d’un jour leur participation à l’examen ». Et les chefs d’établissement de considérer : « Dans un baccalauréat précaire, déjà marqué par un nombre insolite d’erreurs, c’est ajouter un élément de plus de désorganisation. Si on décide que le calendrier religieux est prioritaire sur les épreuves du baccalauréat, il faut avoir le courage de l’assumer, de renoncer à toutes les épreuves ce jour-là et de différer les résultats d’un jour ».

 


 

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