Investir des femmes en 2017 : chez Les Républicains, c'est encore un casse-tête

Les Républicains sont en plein marchandage : ils décident actuellement des investitures pour les futures législatives qui auront lieu en juin 2017. Loin d’être le champion de la parité – c’est même le plus pénalisé financièrement -, le parti a décidé cette fois-ci de présenter plus de candidates. Une réelle volonté de promouvoir l’égalité hommes-femmes en politique ? Pas si sûr …

La parité chez Les Républicains, « vaste programme » aurait pu dire De Gaulle… En ce moment se jouent dans le parti de Nicolas Sarkozy les investitures pour les prochaines élections législatives, en 2017. Et s’il faut évidemment arbitrer entre les candidats juppéistes, fillonistes, lemairistes et sarkozystes, la direction du parti a un autre critère à prendre en compte : la parité, imposée par une loi de juin 2000 sur l’égalité entre les hommes et les femmes en politique.

Ainsi, si les partis présentent moins de 48% de candidates aux législatives, l’Etat les pénalise en réduisant leurs subventions annuelles. Et en la matière, Les Républicains (LR, ex-UMP) est le plus mauvais élève de l’ensemble des partis, se plaçant donc en pole position dans le classement des pénalités les plus importantes. Depuis 2012, Les Républicains perdent en effet pas moins de 4 millions d’euros par an pour n’avoir présenté aux dernières législatives qu’à peine 26% de femmes, soit 129 candidates sur 506. Jusqu’ici, le principal parti de la droite a toujours préféré payer plutôt que de sacrifier des candidats mâles sortants sur l’autel de l’égalité hommes-femmes. Mais la direction semble aujourd’hui décidée à avancer…

La menace de 8 millions de pénalités en 2017

En vue de 2017, LR affiche ainsi l’objectif officel de 50% de candidates. Du jamais-vu pour le parti. « C’est l’objectif principal et on va y arriver« , assure à Marianne son ancienne secrétaire nationale à la parité, Virginie Duby-Muller. « On a un différend avec les femmes qu’on est en train de surmonter« , abonde (et reconnaît) le chef du groupe à l’Assemblée, Christian Jacob. Récemment, Nicolas Sarkozy a même déjeuné avec 26 députées afin de discuter des investitures de futures candidates.

Alors, la droite s’est-elle enfin convertie à l’égalité hommes-femmes ? Rien n’est moins sûr. Car les belles intentions passent sous silence un fait nouveau cette année : depuis la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes d’août 2014, les retenues financières pour les partis ne respectant pas les 50% vont être… doublées. Si rien ne change, LR verrait donc filer sous son nez non plus 4 mais 8 millions d’euros par an, soit la moitié de sa dotation actuelle ! Rude, surtant quand la dette du parti s’élève à 70 millions d’euros (en 2015). D’ici à conclure que la parité chez LR n’avance qu’à bourse forcée… « L’intérêt est double« , nuance Virginie Duby-Muller : allier l’utile au moral.

Pour cela, un plan de bataille a été décidé. Mais il y a un hic : le préalable aux négociations est que tous les sortants seront reconduits dans leur investiture. Or, ce sont à 85% des hommes. De quoi déjà reléguer l’objectif des 50% au rang d’utopie. En off, des responsables du parti reconnaissent que celui-ci mise donc plutôt sur un objectif de 42% de femmes, ce qui lui permettrait non pas d’éviter l’amende mais de la maintenir à son niveau actuel. Encore faudra-t-il, pour atteindre cet objectif minimaliste, investir « 63% de candidates femmes dans les circonscriptions de conquêtes« , calcule Virgine Duby Muller. Soit 241 femmes.

Une parité en trompe-l’oeil

Afin de respecter en façade l’équilibre hommes-femmes tout en assurant la reconduction des messieurs sortants, les stratégies s’aiguisent. Dont la plus simple est encore celle-ci : investir la plupart des candidates dans des circonscriptions où… le parti est sûr de perdre. « C’est une méthode assez classique de placer des femmes dans des circonscriptions où il est difficile de gagner, nous explique Réjane Sénac, chercheuse et membre du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Cela se confirme lorsqu’on compare le nombre de femmes candidates et le nombre de femmes élues : il y a une grosse différence. L’autre signe de cette stratégie, c’est que les femmes sont souvent investies là où leur candidat à la présidentielle avait fait des scores faibles, ce qui rend évidemment plus illusoire de remporter le scrutin législatif« . De la parité, oui, mais pas trop. Pour Réjane Sénac, un moyen très simple de lutter contre cette pratique serait de « localiser la parité« , c’est-à-dire la calculer non pas au niveau national mais bien régional ou départemental.

En revanche, les fins stratèges de LR ont perdu cette année un autre artifice qui, auparavant, leur permettait d’évincer discrètement les femmes des postes de pouvoir. Le parti avait ainsi pour habitude de soutenir des candidats non étiquetés dans les circonscriptions où il ne présentait aucun candidat sous son étiquette. Et comme ceux-ci n’étaient pas comptabilisés dans les critères de parité, inutile de choisir des femmes ! Mais cette option n’est aujourd’hui plus disponible pour les législatives. « Ceux qui ont été élus sans l’étiquette du parti mais avec son soutien ne pourront plus rejoindre le parti par la suite, et ne lui vaudront plus de dotations de l’Etat, indique Réjane Sénac. Une interdiction qui permet de contrôler cet effet. »

La parité, manifestement un boulet pour Les Républicains, ne paraît pourtant pas si compliquée à réaliser. Si le PS n’y est pas parvenu non plus (1,2 million d’euros par an d’amende), Europe-Ecologie-Les Verts, le Parti communiste et le FN n’ont perdu dans cette législature aucune aide de l’Etat, puisque l’écart entre leurs candidats et candidates n’excédait pas 2% en 2012. Mais attention à ne pas trop en faire … Debout La République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, se voit lui infliger des pénalités de 100.000 euros pour avoir présenté 53%… de femmes. La parité, c’est la parité.

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