Ce jeudi 23 juin, ils étaient 60.000 selon les syndicats, 20.000 selon la préfecture, à se réunir à Paris pour manifester contre la loi Travail. Une manifestation qui s’est déroulée, cette fois-ci, dans le calme, fermement encadrée par un gros dispositif policier.
Comme un goût d’inachevé. Ce jeudi 23 juin, à Paris, sous un soleil de plomb, la manifestation contre la loi Travail, qui a rassemblé 60.000 personnes selon les syndicats, entre 19.000 et 20.000 selon la préfecture, s’est déroulée dans le calme. Trop calme pour certains, trop courte pour l’ensemble des manifestants. La faute au parcours imposé par les autorités, après l’énorme imbroglio provoqué par l’annonce de son interdiction. Une micro ballade entre Bastille et le pont de l’Arsenal. Et une présence policière massive. 2.000 policiers mobilisés.
Pour arriver au point de départ par le boulevard Henri IV, il fallait prendre son mal en patience, passer par trois barrages filtrants et montrer patte blanche. Ni casque, ni lunettes de piscine pour se protéger les yeux d’éventuels tirs de lacrymogène ou de masques d’infirmier n’étaient tolérés. 85 personnes auraient d’ailleurs été interpellées cet après-midi pour détention d’objets pouvant servir de projectiles.
Lors du premier barrage filtrant que nous traversons, un jeune homme, petites lunettes sur le nez, est mis à l’écart par les CRS puis menotté. Ses amis qui l’attendent racontent : « Il avait son casque de moto. Les policiers lui ont dit qu’il ne pouvait pas le prendre. Il leur a dit qu’il ne pouvait pas le laisser là, sans surveillance. C’est là qu’ils l’ont embarqué ». Nous n’en saurons pas plus, les CRS se bornant à répondre qu’ils ne font que suivre « les ordres de la préfecture ».
Le dispositif policier mis en place porte en tout cas ses fruits. La manifestation se déroulera dans le calme. Pas de visages masqués, de casses ou d’affrontements avec la police. Ce qui interroge tout de même sur l’impossibilité pour les autorités, lors des précédentes manifestations, d’empêcher les « casseurs » d’agir.
Les cortèges syndicaux défilent donc dans le calme, au rythme des slogans contre la loi Travail. Les fonctionnaires de police n’auront d’ailleurs pas à déployer les murs anti-émeutes prêts à l’emploi devant l’Hôtel de police du 4ème arrondissement. Le slogan « tout le monde déteste la police », qui s’était imposé lors des dernières manifestations, fait place nette à « tout le monde déteste le PS ». Seul le camion du syndicat Sud Rail, passera, le temps d’un instant, le tube qui a fait connaître le DJ Cut Killer : « Nique la police« .
Moment de tension notable, lorsque la tête du cortège syndicale s’approche du point de dispersion, à une dizaine de mètres de la rue de Lyon. Un petit groupe d’une quarantaine de personnes tente de faire barrage pour retarder la fin de la manifestation. Après un temps d’hésitation, le service d’ordre, en nombre mais sans matériels défensifs, pousse la petite troupe. Bousculades, invectives, slogan « SO, collabo » scandé. Au bout de quelques mètres, face à la force de frappe du SO de la CGT, la mêlée se sépare sans blessés apparents.
Malgré les consignes de dispersion, ils sont pourtant nombreux à vouloir continuer la manifestation. On retrouve des drapeaux CGT, SUD, CNT et même un de Nuit debout. Mais comme la place de la Bastille est bouclée à double-tour, les entrées et sorties gardées par des compagnies de gendarmes mobiles, murs anti-émeute cette fois-ci déployés, impossible pour eux de partir en manifestation sauvage. Après avoir scandé pendant dix bonnes minutes, « Etat d’urgence, état policier, on nous interdira pas, de manifester ! », une partie se disperse. Une grosse centaine reste sur place, au pied de la colonne de la Bastille.
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