Primaire du PS : Cambadélis espère encore sauver le soldat Hollande

Le patron du PS propose finalement d’organiser une primaire pour la présidentielle à laquelle François Hollande pourrait participer. Pour mieux donner au PS le beau rôle, et surtout tenter d’endormir les opposants internes à quelques jours du nouveau passage de la loi travail à l’Assemblée Nationale…

Ces dernières semaines, la tension avait encore monté d’un cran au sein du PS. Mouvement anti-loi travail, attaques contre des permanences du parti un peu partout en France… Et montée au filet médiatique d’Arnaud Montebourg après son ascension du Mont Beuvray. Dans plusieurs fédérations, l’aile gauche, mais également plusieurs responsables légitimistes, avaient fait entendre leur mécontentement à l’égard de la politique gouvernementale.

Dans ce contexte en apparence tendu, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis continuait pourtant à afficher une assurance bonhomme. Alors que certains soutiens d’Arnaud Montebourg faisaient monter la pression sur une éventuelle décision justice contraignante au sujet de l’organisation de la primaire (ils ont été déboutés en première instance), le patron de Solférino préparait au même moment une stratégie englobante (endormante?) pour mieux montrer aux Français une « image démocratique et unitaire » du PS, comme il l’a souligné à l’issue du Conseil National de son parti qui se tenait ce samedi après-midi à la maison de la chimie.

« Le Parti socialiste regrette profondément les décisions des Congrès des Verts et du PCF » 

Un conseil national qui a finalement adopté à l’unanimité le principe d’une primaire ouverte en 2017. Tout sourire, Jean-Christophe Cambadélis a ainsi salué un « beau conseil national », « qui montre que les socialistes ont de la ressource ». Dévoilée vendredi soir dans une interview à Libération, sa proposition de bien organiser une primaire ouverte a été prise, en réalité, il y a déjà plusieurs jours. Objectif : montrer l’ouverture du PS face à l’intransigeance de ses anciens partenaires, les écologistes et les communistes. 

Pour que son plan fonctionne, Camba a ainsi préféré décaler le Conseil National du 3 au 18 juin pour attendre les congrès du PCF et d’EELV, deux partis qui ont finalement refusé la participation à des primaires ouvertes où François Hollande se présenterait. Aujourd’hui, le PS a beau jeu d’expliquer dans sa résolution adoptée à l’unanimité : « Le Parti socialiste regrette profondément les décisions des Congrès des Verts et du PCF de refuser de participer aux primaires de toute la gauche. Le Parti socialiste refuse la fragmentation à gauche et chez les écologistes, et la division. Une majorité de Françaises et de Français de gauche souhaite le débat et le rassemblement. » 

Hollande pas « un candidat comme les autres »

Cambadélis ajoute : « C’était au PS de prendre ses responsabilités face à la fragmentation ». Un membre du Conseil National commente : « Finalement la majorité et la minorité ont voté pour un même texte, même s’il y a une incertitude sur le mode d’organisation de la primaire, et qui pourra y participer ». De fait, l’ouverture des candidatures se fera entre 1er et le 15 décembre, et les primaires seront organisées la deuxième quinzaine de janvier. Si Cambadélis rappelle qu’ « à ce stade le président de la République n’est pas candidat », il tient à souligner qu’il ne serait pas « un candidat comme les autres : il a l’expérience, il a su incarner la nation dans l’épreuve, et connaît les débats européens et mondiaux (…) ce qui n’est pas forcément le cas des autres candidats ».

Et c’est là que le piège pourrait se refermer pour toute candidature alternative à François Hollande dans ce cadre : « Est-ce que c’est un risque pour Benoît Hamon ? Probablement. Pour Arnaud Montebourg, certainement. Marie-Noëlle Lienemann, assurément. Pour Gérard Filoche, je le pense », s’amuse le Premier secrétaire. Évoquant la possibilité d’une multiplication de candidatures, Cambadélis se paye même le luxe de préciser : « Il faudra mettre un peu d’ordre là-dedans ». Tel un professeur d’école face à ses élèves. Car c’est l’autre information de ce Conseil National, « le vote d’une motion de censure ouvrirait la voie à des sanctions », est-il précisé dans une résolution adoptée à 130 voix (contre 15). En proposant la primaire ouverte, Cambadélis donne ainsi une carotte aux frondeurs du parti, tout en les menaçant de donner du bâton… Un observateur du PS s’amuse : « Cambadélis joue avec eux comme un gros chat avec ses souris ».

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