Richissime mais très dépendant d’un mercato mondialisé, le championnat anglais redoute un Brexit qui compliquerait le statut légal des joueurs venus d’Europe.
La Premier League, qui fait tant rêver les supporteurs, a fait un cauchemar : le Brexit. Des centaines, peut-être des milliers, de joueurs venus du monde entier garnissent aujourd’hui les effectifs britanniques dans toutes les divisions professionnelles. Des clubs comme Newcastle ou Watford comptent par exemple 11 étrangers quand Charlton, en deuxième division, en fait jouer 13…
La raison de cette grande migration sportive tient essentiellement à l’incroyable fortune des clubs anglais. Pensez donc que, selon le cabinet Deloitte, 17 d’entre eux se classent parmi les 30 plus riches d’Europe. L’origine de cette richesse est double. D’une part, les droits de retransmission télévisée sont les plus élevés de la planète : les clubs de la première division anglaise se partageant, entre 2016 et 2019, un peu moins de 7 milliards d’euros. A titre comparatif, les mêmes droits en France s’élèvent à 750 millions d’euros par an. Une manne qui, par un système de répartition, profite également aux clubs des divisions inférieures.
« Des mécènes milliardaires »Mais ce n’est pas tout. A l’instar du Paris Saint-Germain racheté par le Qatar, les plus grandes équipes de Premier League sont désormais la propriété de milliardaires étrangers : le Russe Abramovitch à Chelsea, l’Emirati Mansour, d’Abou Dabi, à Manchester City, l’Américain Stan Kroenke à Arsenal, etc. Des mécènes déversant chaque saison des millions d’euros pour s’attacher les services des meilleurs en Europe, en Amérique du Sud et même en Asie. Des joueurs d’autant plus prompts à rallier la généreuse Albion que leurs émoluments sont sans commune mesure avec les salaires, déjà bien gras, versés dans leurs contrées d’origine.
Couvertes d’or, les équipes de première ou de seconde division sont sur le terrain un condensé de la mondialisation footballistique où, ironie de l’évolution économique de ce sport, les joueurs anglais ont parfois du mal à trouver leur place. Mais, le spectacle et les résultats étant à la hauteur de ces faramineux investissements internationaux, ils sont bien rares dans les tribunes à souhaiter voir leur île se couper du reste du monde du football…
Les « consquences dévastatrices » du BrexitC’est ce qui a rendu le débat sur le Brexit si électrique dans le milieu du ballon rond. Les responsables de la fédération, les patrons de clubs, les supporteurs, les entraîneurs, redoutent que les joueurs avec un passeport européen, qui peuvent évoluer en Angleterre sans restriction, doivent en cas de vote out, demander un visa ou un permis de travail, à l’instar de leurs collègues africains et sud-américains. Or, ceux-ci sont soumis à des critères stricts. Entre 100 et 300 professionnels risqueraient ainsi de ne plus répondre aux critères du Home Office, l’institution délivrant les permis de travail. Dans un championnat où 66,5 % des joueurs sont étrangers, le Brexit aurait « des conséquences dévastatrices », a prévenu la vice-présidente de West Ham. Un avis partagé par l’immense majorité des conseils d’administration des clubs. Certes, les Anglais auront toujours la possibilité de négocier de gré à gré avec l’Union européenne de football, histoire d’obtenir quelques dérogations, mais rien ne pourra être décidé avant plusieurs saisons.
istoire que la balle continue de tourner sur les gazons anglais, les eurosceptiques du foot ont déjà trouvé la parade : l’instauration de quotas pour les joueurs étrangers, comme avant l’arrêt Bosman. Un retour vingt ans en arrière.
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