Euro 2016 : gérer les supporters violents, l'autre défi sécuritaire

Si le mouvement hooligan est aujourd’hui bien moins puissant en Europe que dans les années 1980, les autorités françaises se préparent tout de même à gérer des débordements de supporters pendant l’Euro, qui débute ce vendredi 10 juin.

Avant même le coup d’envoi de l’Euro de football ce vendredi 10 juin, des affrontements entre supporters anglais et français ont eu lieu la nuit dernière à Marseille. Abreuvés de bières, des dizaines de fans anglais ont provoqué des supportes marseillais aux abords du Vieux-Port, au son de « Daech, où es-tu ? ». La tension est montée, les deux groupes se sont affrontés, et quatre policiers ont été blessés. Les forces de l’ordre ont néanmoins réussi à rapidement circonscrire l’incident (voir la vidéo ci-dessous).

L’inquiétude du préfet de police de Paris

Les débordements survenus hier dans la cité phocéenne annoncent une menace réelle qui plane au-dessus de l’Euro de football. Au-delà du risque terroriste, les autorités s’inquiètent de devoir gérer des actes de violences commis par des supporters français et étrangers. Le préfet de police de Paris Michel Cadot a ainsi adressé une lettre à Bernard Cazeneuve, dans laquelle il estime que ses services ne sont « pas en mesure de garantir un niveau optimal de sécurisation » dans les « fan zones ». Et de pointer le risque de violences entre fans éméchés : « Les supporteurs antagonistes de deux équipes pourront difficilement être sectorisés pour les éloigner les uns des autres alors que la consommation d’alcool sera autorisée par l’intermédiaire de l’un des sponsors officiels de l’Euro (Carlsberg, ndlr). »

Parmi les « supporters » visés par le préfet de police de Paris, se trouvent des hooligans. Si le mouvement ultra-violent n’est plus aussi puissant que dans les années 1980, certains groupes sont encore actifs, notamment en Angleterre. Mais les autorités redoutent aussi l’engrenage d’autres supporters, sous l’effet de l’alcool.

La finale de la Coupe de France de football, qui s’est tenue le 21 mai dans un Stade de France en configuration « Euro » a été le théâtre de débordements commis par des supporters marseillais. Des bombes agricoles ont été introduites malgré le triple filtrage aux abords de l’enceinte dionysienne et des sièges ont mêmes été brûlés. Sur place, les policiers de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, créée en 2009 par le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, se sont vite retrouvés débordés.

Une coopération européenne

Le commissaire responsable de cette brigade anti-hooligans a indiqué au Monde début juin que près de 3.000 supporters seraient interdits d’entrée sur le territoire français le temps de l’Euro. Parmi eux, pas moins de 2.000 fans anglais se sont vus confisquer leur passeport. La police s’assurera aussi de refuser l’accès aux enceintes sportives aux 322 Français interdits de stade.

La lutte contre les supporters violents bénéficie des efforts de coopération entre les polices européennes. Plus de 300 agents européens se trouvent ainsi mobilisés pour aider leurs homologues français lors de cet Euro. La moitié d’entre eux aident les services français à traquer les fans les plus violents. Les autres affectés au Centre de coopération policière internationale à Lognes, en Seine-et-Marne, ou dans les villes hôtes.

Les musulmans ciblés

Les autorités redoutent des débordements causés par des supporters à l’occasion de cinq matches identifiés comme particulièrement sensibles : Angleterre-Russie (11 juin à Marseille), Turquie-Croatie (12 juin à Paris), Allemagne-Pologne (16 juin au Stade de France), Angleterre-Pays de Galles (16 juin à Lens) et Ukraine-Pologne (21 juin à Marseille).

La première de ces cinq rencontres s’annonce extrêmement risquée après les événements survenus hier sur le Vieux-Port de Marseille. Mais c’est surtout la réunion de supporters anglais et russes qui inquiète. Surnommé « the pig of Marseille » (« le cochon de Marseille »), le hooligan anglais James Shayler a déclaré fin mai au Daily Mail qu’il assistera à la rencontre pour agresser des musulmans. Et de confier au quotidien britannique : « Les Russes, ils les détestent (les musulmans, ndlr) non ? L’Angleterre sera avec la Russie contre les musulmans. »

« The pig of Marseille » s’est fait connaître en s’illustrant en 1998 dans la cité phocéenne. Il avait alors attaqué, avec d’autres fans anglais, des policiers et des supporters tunisiens lors d’une rencontre opposant les deux nations. La ville avait été le théâtre d’émeutes pendant trois jours…


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