Turquie : la polémique enfle autour du faux diplôme présumé d'Erdogan

Selon l’association des présidents d’université turcs, Recep Tayyip Erdogan ne serait pas aussi diplômé qu’il le prétend. Une controverse qui pourrait théoriquement rendre inéligible le président de la Turquie.

Recep Tayyip Erdogan bientôt destitué de son poste de président de la Turquie ? Ce serait théoriquement légitime, à en croire des opposants au président turc. En cause, le niveau du diplôme universitaire de l’omnipotent chef de l’Etat. Selon la constitution turque, il faut justifier de quatre ans d’études supérieures pour être éligible à la magistrature suprême. Or, l’association des présidents d’université turcs l’accuse de n’être diplômé que d’un bac +2 ou bac +3. Une campagne visant à moquer la falsification supposée du diplôme du chef de l’Etat est en cours depuis quelques jours sur Twitter, où le mot-dièse #YaDiplomaYaİstifa, soit en français #MêmeSonDiplômeEstFaux a été lancé.

This document is questioned by @EnqPFS_Ltd or not? It says Anthony did it! What do you say? #YaDiplomaYaİstifa pic.twitter.com/dRKNgowfrt

— Lemi Alatli (@lemialatli) 2 juin 2016

Le président turc assure lui disposer du précieux sésame. Selon sa biographie officielle, il a bien été diplômé en 1981, après quatre années d’études (bac +4), de la faculté des sciences économiques et administratives de l’Université de Marmara, à Istanbul, suite à un parcours en lycée professionnel formant des imams.

« Malgré toutes les explications et les déclarations qui ont été faites à ce sujet, certains veulent avec insistance relancer le débat. Quoi que vous fassiez, nos oeuvres parlent d’elles-mêmes« , a asséné dimanche 5 juin Recep Tayyip Erdogan devant les nouveaux diplômés de la faculté de théologie de cette même université.

Les archives de l’Université de Marmara fermées en 2014

L’université en question, dont le recteur actuel, Mehmet Emin Arat, est un ancien camarade de classe du président, a d’ailleurs publié la photo du diplôme lors de la première élection présidentielle au suffrage universel, en 2014, à l’issue de laquelle, après trois mandats de Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan a été élu à la tête de l’Etat. Seul problème : les archives de la faculté ont cette année-là été fermées le temps de l’élection présidentielle, selon la BBC. Bizarre.

Mercredi 8 juin l’Association des professeurs d’université de Turquie a contredit le président : « M. Erdogan n’a pas un diplôme d’université, mais de collège (premier cycle) », c’est-à-dire bac +2 ou +3, d’un établissement qui a été rattaché à l’Université de Marmara après les études du président, a-t-elle affirmé dans un communiqué. Le site de l’Université explique en effet que la faculté des sciences économiques de l’Université de Marmara n’a été créée qu’en… 1982, soit un an après la fin des études de l’actuel président.

Un ancien procureur, actuellement à la tête d’une association de magistrats, Omer Faruk Eminagaoglu, a déposé une plainte devant le parquet d’Ankara et le haut conseil électoral, réclamant que M. Erdogan soit déchu de son mandat car l’absence, selon lui, d’un diplôme le rend automatiquement inéligible. Comme certains utilisateurs de Twitter, il évoque l’hypothèse d’une falsification du diplôme pour pouvoir prétendre au poste suprême. Comme on pouvait s’y attendre, le haut conseil électoral turc a immédiatement rejeté la plainte. Ce qui n’empêche pas la polémique d’enfler.

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