Lenteur du Parlement : Manuel Valls en vient à faire l'éloge… du système grec !

Au micro de BFMTV et RMC ce 26 mai au matin, le Premier ministre s’est désolé de la lenteur du processus législatif français au point d’en venir à envier la Grèce ! Une comparaison pour le moins… osée.

Que le temps paraît long pour Manuel Valls. Ce jeudi matin, au micro de BFMTV et RMC, le Premier ministre s’est lamenté de la lenteur du système législatif français en faisant allusion à la loi Travail : « En France c’est beaucoup trop long, ce texte a été adopté en conseil des ministres en janvier et le vote définitif n’aura lieu qu’en juillet ! ». Et pour appuyer son propos, le voilà à faire l’éloge d’un modèle qui serait, à l’entendre, beaucoup plus efficace. Un modèle à prendre en exemple. Le modèle… grec ! 

« En Grèce, le gouvernement Tspiras (…) mène des réformes courageuses. Ces réformes, avec d’abord une grève générale, ont été adoptées en quelques heures – 1500 pages, sans amendements ! – par le Parlement, parce que parfois il faut aller vite dans la réforme. »

A l’écouter, en Grèce, les réformes passeraient comme une lettre à la poste, de manière efficace et sans contestation interne. On croit rêver.

Dans la nuit du 8 au 9 mai dernier, le Parlement grec a en effet voté la réforme tant contestée des retraites et de l’impôt. Une loi refondant entièrement le système en réduisant les retraites les plus élevées, en augmentant les cotisations, les taxes et en fusionnant les multiples caisses d’assurance. Deux jours de débat ont suffi au Parlement pour que la coalition gouvernementale (constituée de Syriza et des Grecs indépendants) vote d’un seul homme, adoptant le texte par 153 voix contre 143.

Mais faut-il rappeler à Manuel Valls que la Grèce a expédié le vote de cette réforme avec un couteau sous la gorge ? Les mesures adoptées ont pour unique objectif de remplir les conditions exigées par les créanciers de la Grèce, que sont l’Union Européenne et le FMI, en échange du plan d’aide signé en juillet 2015. Un plan d’aide suspendu depuis mais censé permettre de débloquer 86 milliards d’euros. La marge de manœuvre des députés était donc limitée – c’est un euphémisme. Cerise sur le gateau, cette adoption précédait une réunion de l’Eurogroupe le jour-même – le 9 mai – à Bruxelles, pour décider de la question du règlement de la dette grecque. En matière de pression, on ne connaît guère pire.

Dans sa référence si pertinente, le Premier ministre Manuel Valls passe aussi bien vite sur cette « grève générale » qui a secoué la Grèce. Face à ces assauts d’austérité, les grecs sont loins de se laisser faire, comme sous-entend le Premier ministre. Les jours précédents le vote de la réforme des retraites, une grève générale de 48 heures a été initiée par les syndicats du privé et du public. Durant les débats sur la loi, les manifestations ont perduré. L’une d’elles a d’ailleurs dégénéré entre lancers de projectiles et tirs de gaz lacrymogènes. Et cette grève générale est déjà la quatrième depuis la réélection en septembre du Premier ministre Alexis Tsipras.

Manuel Valls souhaite-t-il *vraiment* s’inspirer de la Grèce ?

 

 

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