Ismael El Iraki, un survivant de la tuerie du Bataclan le 13 novembre dernier à Paris, a répondu dans une lettre ce mardi 24 mai au chanteur Jesse Hughes, du groupe Eagle of Death Metal. Ce dernier, dans une interview au site Taki, accuse les « Arabes » présents ce soir-là de complicité avec les terroristes.
Ismael El Iraki est un réalisateur marocain installé en France. Ce mardi 24 mai, il écrit une lettre publiée sur les sites du Huffington Post et du Guardian, adressée au chanteur du groupe Eagle of Death Metal, Jesse Hughes. Ce dernier s’est distingué il y a dix jours en déclarant dans une interview au site Taki que les Arabes présents à son concert le 13 novembre dernier, ainsi que ceux officiant au service de sécurité du Bataclan, étaient complices des terroristes qui ont sévi ce soir-là dans la salle parisienne. « Ils connaissaient les gars de la sécurité. Ils connaissaient les videurs, ils connaissaient les portiers« , assure-t-il. Pire, il affirme que les « Arabes » ont été épargnés dans l’attaque. Pour appuyer ses dires il prend l’exemple de deux filles qui selon lui étaient impliquées mais ont été épargnées : « Elles étaient dans la salle et ont disparu avant la tuerie, et ces femmes portaient la tenue traditionnelle musulmane (sic). Elles savaient qu’ils (les terroristes, ndlr) ne s’en prendraient pas à elle à cause de la manière dont elles étaient habillées.«
Alors quand Ismael El Iraki, lui aussi présent au Bataclan cette tragique nuit, lit les propos de Jesse Hughes, son sang ne fait qu’un tour. Car le réalisateur marocain est un grand fan de rock, qui « vit et respire » pour cette musique. Mais il s’avère qu’il est aussi « Arabe » et musulman. Et contrairement à ce qu’affirme le chanteur de Eagle of Death Metal, il rappelle que tous les Arabes ne se sont pas échappés avant l’irruption des terroristes dans la salle. « Je ne pourrais pas être plus musulman si j’essayais. Mais apparemment, la grande conspiration des musulmans m’a raté« , ironise-t-il.
Par la suite, il énumère le nom des victimes arabo-musulmanes touchées lors des attaques à Paris, mais aussi par la suite en Afrique. « Ils ont aussi oublié de prévenir Djamila, et tous les autres Arabes qui ont été touchés et tués cette nuit. Ils ont oublié de prévenir mon compatriote marocain Amin (…). Apparemment, quelques semaines plus tard ils ont aussi oublier de prévenir Leila, une autre compatriote marocaine, tuée lors de l’attaque de Ouagadougou. » Une manière de rappeler que, quoiqu’en dise le chanteur, les victimes des djihadistes appartiennent à toutes les confessions.
Et pour enfoncer le clou, Ismael El Iraki raconte l’histoire de Didi. Lui aussi était au Bataclan la nuit du 13 novembre. Dans sa lettre, il écrit que cet homme, un musulman, a risqué sa vie pour sauver celle des autres. « Tu sais ce qu’il a fait cet Arabe, ce musulman ? Il a ouvert la porte avant gauche, a laissé sortir une chiée de gens avec lui. Et là, alors qu’il était sain et sauf à l’extérieur, IL A FAIT DEMI-TOUR. Il s’est retourné, et il est revenu à l’intérieur de cet enfer pour sauver plus de gens. Il a ouvert une autre sortie à l’étage et a permis à bien d’autres encore de s’échapper par là. Ce mec, comme je te l’ai dit, il n’est pas comme toi. Il n’est pas comme moi. Ce mec, c’est un putain de héros.«
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