Sarkozy toujours pas fan de "cette connerie de primaire"

En privé, l’ancien président ne voue pas un amour fou au scrutin qui doit désigner le candidat de la droite à la présidentielle. Il est vrai que les sondages donnent plus que jamais Alain Juppé favori…

Nicolas Sarkozy n’a jamais été un grand amateur de la primaire qui doit désigner le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Surtout que plus les semaines passent, plus son rival Alain Juppé est conforté par les sondages – alors que lui-même ne décolle pas. Le patron du parti Les Républicains a encore dit récemment en privé tout le bien qu’il pensait de ce scrutin, au cours d’une petite séance de politique-fiction à laquelle il s’est livrée devant ses proches. Selon des propos rapportés par le Canard enchaîné ce mercredi 25 mai, Nicolas Sarkozy a d’abord envisagé la suite de la grogne contre le projet de loi Travail :

« Personne ne peut exclure qu’en deuxième lecture de la loi El Khomri une motion de censure de gauche soit déposée. Valls passerait alors la main. Il a été assez con pour ne pas quitter Matignon, il y a quelques mois, afin de se refaire une virginité. Cette fois, il ne raterait pas l’occasion. »

Suite du raisonnement : en cas de départ de Manuel Valls – auquel on constate qu’il porte une haute estime – Nicolas Sarkozy imagine carrément… une dissolution de l’Assemblée nationale :

« Et, comme Hollande n’a pas un Premier ministre de rechange qui puisse lui redonner une majorité, il devra céder sur la loi Travail ou dissoudre l’Assemblée. »

Et Nicolas Sarkozy d’ajouter :

« Remarquez, dans ce dernier cas, ça aurait l’intérêt de nous débarrasser de cette connerie de primaire. »

Un scénario dont les détails ne sont pas précisés… C’est dommage, car on aurait aimé en savoir plus. Nicolas Sarkozy estime-t-il que d’improbables élections législatives anticipées conduiraient à l’annulation de la primaire, prévue les 20 et 27 novembre prochains ? Ou peut-être se voit-il lui-même à Matignon, en cohabitation avec François Hollande ? Dans les deux cas, il semble penser que sa légitimité serait alors incontestable au sein de son camp.

« Pas une preuve de sérénité »

Toujours est-il que cette petite phrase vient rappeler tout l’amour que Nicolas Sarkozy porte à la primaire, à laquelle il n’a au fond jamais été favorable. Certains à droite le soupçonnent même de vouloir décrédibiliser le scrutin. Dernier couac en date : début mai, Nicolas Sarkozy a soudainement contesté l’organisation d’un vote électronique pour les expatriés et réclamé des bureaux de vote pour tout le monde. Un compromis quelque peu bancal a finalement été trouvé au bout de quinze jours, mais l’épisode a échauffé les esprits parmi les rivaux de Sarkozy. « Il semble considérer que si les choses ne se passent pas bien, ce sera à son avantage. Je n’y vois pas une preuve de sérénité », lâche Gilles Boyer, le directeur de campagne d’Alain Juppé.

« Sarko donne le sentiment qu’il veut traficoter cette primaire », commente de son côté un ami de François Hollande, le sourire aux lèvres. Il est vrai qu’à l’Elysée, où l’on s’arrache les cheveux pour tenter de rassembler une gauche en mille morceaux en vue de 2017, la perspective d’une ambiance délétère autour de la primaire de la droite n’est pas pour déplaire.

 

 


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