Et si on plafonnait les salaires des patrons à 100 Smic ?

Quarante personnalités ont signé un appel publié ce jeudi 19 mai dans « Libération », en faveur du plafonnement des salaires des grands patrons. Sur RTL, Manuel Valls a déclaré qu’il fallait « légiférer ».

Plafonner les salaires des grands patrons ? Beaucoup en rêvent, d’autres le demandent désormais publiquement. Ils sont quarante – en référence au CAC 40 – à avoir d’ores et déjà signé l’appel, publié ce jeudi 19 mai dans Libération, en faveur notamment d’une nouvelle loi qui limiterait les rémunérations des PDG français à 1,75 million d’euros par an. Soit 100 fois le SMIC. 

Parmi eux, des hommes politiques, des syndicalistes, des associatifs mais aussi des économistes et même grands patrons. Deux, précisément : Jean-François Rial, à la tête de Voyageurs du monde, une agence de voyage engagée dans les causes environnementales et Serge Papin, PDG des supermarchés Systeme U. 

Un montant moyen de 4,2 millions d’euros par an

« Si j’ai signé ce texte », explique ce dernier, « c’est parce qu’aujourd’hui il existe des niveaux de rémunérations que j’estime excessifs pour certains dirigeants de très grandes entreprises, et dans le contexte actuel cela alimente le sentiment de décalage avec ce que vivent les Français au quotidien. » L’écart des salaires entre la base (ouvriers, salariés…) et le patronat ne cesse en effet de se creuser en France, ainsi que le rappelle Libé« Rien qu’en 2015 », rappelle le quotidien, « la rémunération ­totale des patrons du CAC 40 a augmenté ­entre 5% et 11% selon les évaluations, pour atteindre un montant moyen de 4,2 millions d’euros par an, soit 240 Smic », alors même que le gouvernement a fait en 2013 « le pari de l’autorégulation. » 

Alors même, pourrait-on ajouter, que l’Etat est venu en aide à des groupes français en grande difficulté lors de la crise de 2008, comme PSA Peugeot Citroën dont le patron, Carlos Tavares, percevra plus de 5 millions d’euros cette année (le double de sa précédente rémunération) tout en continuant de claironner dans les médias l’idée qu’il est un petit joueur.  Sans parler de son homologue chez Renault, Carlos Ghosn, qui empochera coûte que coûte plus de 15 millions d’euros en 2015, contre l’avis des actionnaires du groupe. Ou encore de Jean-Laurent Bonnafé : 3,2 millions d’euros malgré l’amende record qu’a dû payer la banque BNP aux Etats-Unis et le plan d’économies qui a déjà conduit, entre autres, à des dizaines de fermetures d’agence en France et en Europe. 

« lI faut légiférer », dit Valls

Si un plafonnement à 100 SMIC était adopté, « la quasi-totalité des patrons du CAC 40 (et donc une très grande partie de leur comité exécutif) », serait contraint de « baisser leur rémunération d’au moins 58 % » conclut Libé. Pas sûr que le volontairait fonctionne… Alors, le gouvernement osera-t-il alors légiférer ? Invité sur RTL ce jeudi matin, le Premier ministre s’y est en tous cas déclaré favorable. « Nous avons fait le choix dans un premier temps de mettre les entreprises face à leurs responsabilités, en l’occurrence le patronat. Force est de constater que cela n’a pas été respecté. Donc maintenant, il faut légiférer« , a affirmé Manuel Valls. « En faisant attention parce qu’il y a aussi des risques d’inconstitutionnalité », a-t-il néanmoins d’ores et déjà précisé…

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