Invité ce 8 mai au matin sur Judaïques FM, l’ancien ministre réfute le terme de « guerre de civilisation » pour qualifier les ravages de l’islamisme radical. Confiant dans la capacité des Français à s’unir et à ne pas tomber dans le piège de la vengeance, Jean-Pierre Chevènement leur demande de « relever ce défi » et s’adresse plus particulièrement aux musulmans qui « ne peuvent pas accepter cette déviation horrible qui ne ressemble pas à l’islam ouvert, tolérant qu’ils préconisent ».
Refuser « l’obscurantisme fanatique« , « l’isoler de la population » et « relever un défi moral » : Jean-Pierre Chèvement livre ce dimanche son analyse du terrorisme djihadiste qui frappe l’Europe. Interrogé sur la montée de l’islamisme radical et de Daech sur les ondes de Judaïques FM ce 8 mai, le président du club politique République moderne n’a pas voulu faire sien le concept de « guerre de civilisation » qui opposerait « l’islamisme radical et l’occident » :
« Je ne pense pas du tout que l’expression soit appropriée parce que l’islamisme radical n’est pas une civilisation, tout simplement », explique l’ex-sénateur. (…) C’est une forme de barbarie qu’il faut connaître et qu’il faut combattre. (…) Cette idéologie mortifère résulte du croisement du salafisme, une variante obscurantiste de l’islam, et d’autre part d’une régression médiévale qui substitue à l’anti-impérialisme de papa le combat contre les juifs, les croisés et les musulmans mécréants. C’est une régression totale, c’est un obscurantisme fanatique. »
Des fanatiques qui profitent d’un contexte favorable
« Il faut éradiquer ce terrorisme, en sachant que pour l’éradiquer, il faut l’isoler de la population », estime Jean-Pierre Chevènement. « Il faut que la population les rejette. Et c’était plus facile quand on avait affaire à des groupes d’énergumènes coupés de toute réalité sociale, comme par exemple Action directe ou les Brigades rouges car la classe ouvrière n’était pas derrière eux. Là nous avons affaire à des fanatiques, mais il y a derrière un terreau, qui est à l’intersection des conflits du monde arabo-musulman et de ce qui se passe dans la société française ».
Mais pour le souverainiste, si « la société française est fragile », « elle réagit bien ».
« J’ai confiance dans la réaction de nos compatriotes car ils se sont rassemblés autour de la nation et de la République. Vous les voyez qui chantent la Marseillaise, qui montrent le drapeau français et qui ne se laissent pas aspirer dans un cycle de haine, de vengeance, qui serait (…) aller au devant de ce que souhaitent les terroristes. Il y a un certain sang froid qui s’est exprimé. Et il faut ce sang-froid pour répondre à ce défi, qui est un défi de long terme. Le terrorisme djihadiste, il est là malheureusement pour encore longtemps ».
Refuser un islam dévoyé par « une marque qui fédère »Pour combattre le terrorisme, « il faut (…) des principes solides, car c’est la seule manière de l’emporter vraiment. Je crois que le défi il n’est pas seulement policier, militaire ou politique, il est aussi moral ». C’est ici que Jean-Pierre Chevènement en appelle à tous les Français pour « relever » ce défi, « y compris aux musulmans qui devront trier le bon grain de l’ivraie. (…) Ils ne peuvent pas accepter cette déviation horrible qui ne ressemble pas à l’islam ouvert, tolérant qu’ils préconisent ».
Pour l’ancien président du MRC, Daech est devenu « une marque qui fédère » face à laquelle les remparts de la République semblent bien fragiles, là où les difficultés sociales ne sont plus le seul ressort d’embrigadement. Etudes satisfaisantes, emploi gratifiant décemment rémunéré : certains terroristes français impliqués dans les derniers attentats n’étaient « pas des damnés de la terre », rappelle-t-il. « Quand on fait la comparaison avec ce qu’est la vie de beaucoup de jeunes dans leur pays d’origine, ils vivent beaucoup mieux [en France], de l’école, qui malgré tous ses défauts accueille sans une once de racisme tout les élèves d’où qu’il viennent. Ils bénéficient d’une protection sociale qui est parmi l’une des plus élevées dans le monde, ils bénéficient aussi du logement social – même s’il y a une trop grande concentration dans certains quartiers (…). »
Après avoir détaillé les raisons qui ont permis l’éclosion et le développement d’Al-Qaïda, au premier rang desquelles la guerre du Golfe en 1990, Jean-Pierre Chevènement conclut : « Il est trop tard pour revenir sur les erreurs commises, mais ces erreurs ont ouvert la voie au terrorisme (…). Aujourd’hui c’est un peu tard, et il faut faire avec ce qu’il y a ».
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