Pour l'extrême droite française, Sadiq Khan, nouveau maire de Londres, symbolise le "grand remplacement"…

Il est issu des classes populaires londoniennes. Son père était chauffeur de bus, sa mère couturière. Il est devenu avocat, puis député et ministre dans les rangs travaillistes ; considéré comme pro-business et pro-européen, il brigue et décroche largement (56 % au second tour) la mairie de Londres dans une campagne dominée par les thématiques du logement et des transports chers. Et, oui, il est musulman.

Pour l’extrême droite française, c’est le seul et unique élément à retenir de l’ascension d’un gamin élevé dans le quartier modeste de Tooting, au sud de la capitale anglaise. Le maire de Béziers, Robert Ménard, jamais avare de réactions au lance-flammes, estime que c’est carrément le « grand remplacement » qui est à l’oeuvre : 

#Londres a désormais un maire musulman. Un tournant historique qui symbolise le grand remplacement en cours. .. #SadiqKhan

— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 7 mai 2016

Cette théorie chère au Front national – et décriée par l’écrasante majorité des démographes – considère qu’un processus de substitution entre populations d’origine européenne et non-européenne, principalement du Maghreb et d’Afrique noire, serait en cours dans les pays occidentaux. 

D’autres têtes d’affiche du Front national ont commenté cette élection avec la même petite musique, comme Stéphane Ravier, le maire du 7e secteur de Marseille et sénateur des Bouches-du-Rhône :

L’élection de #SadiqKhan illustre en partie le basculement démographique des grandes villes européennes. Le temps file… #Londres

— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) 7 mai 2016

Pascal Gannat, secrétaire départemental du FN dans la Sarthe et membre du bureau politique du parti, passe carrément à l’étape supérieure, comme l’a repéré le Lab :  

Si MLP n’arrive pas au pouvoir, dans 30 ans Angers et Nantes seront comme Roubaix. Ns aurons alors un Sadiq Khan à la tête du Pays. En pire!

— Pascal Gannat (@pgannat) 7 mai 2016

Les Roubaisiens apprécieront, tout comme Sadiq Khan, dont la religion est visiblement un problème en soi dans l’esprit de celui qui était également tête de liste aux Régionales de 2015 dans les Pays-de-la-Loire. Le nouveau maire de Londres n’a jamais utilisé sa religion comme un argument de campagne, ni comme un quelconque fait politique. Il est surtout le symbole de ce que réclament avec force les citoyens aujourd’hui au Royaume-Uni, en France et ailleurs : un politique issu du peuple, dont le parcours n’en fait pas un technocrate hors-sol.