Déradicalisation : la guerre des experts

Les autorités publiques comme les associations semblent prises de court dans la lutte contre le terrorisme islamiste. De plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer des dispositifs mis en place dans la précipitation et sans véritable idée directrice. Une enquête à retrouver dans « Marianne » en kiosques cette semaine.

Jusqu’à présent, la lutte contre la radicalisation en France n’a pas donné grand-chose. Si différents dispositifs ont été mis en place par les autorités, ces derniers ont été validés dans la précipitation et sans véritable idée directrice. Au mois de septembre prochain, le premier centre de déradicalisation fermé s’apprête toutefois à voir le jour, en Indre-et-Loire, un centre de réinsertion et de citoyenneté destiné aux adultes de 18 à 30 ans, où « seuls des jeunes qui ne sont pas incarcérés, qui n’ont pas combattus en Irak ou en Syrie et sans condamnation judiciaire seront hébergés« , précise le préfet. Mais que dire et quoi faire avec ces jeunes ?

En la matière, les expériences qui ont précédé n’ont pas été concluantes. « On ne savait pas quoi faire », explique un acteur de terrain, « personne ne connaissait le phénomène et on a pris ceux qui étaient là ». « On a fait de la communication, histoire de montrer au public qu’on prenait le problème à bras-le-corps. Mais c’était très artisanal, on y est allé au « doigt mouillé. Forcément, il y a eu des ratés », poursuit-il.

Pendant un an et demi, le visage de la lutte contre la radicalisation a par exemple été incarné par deux femmes : Dounia Bouzar et Sonia Imloul, et par leur structures respectives aux méthodes… radicalement différentes. Alors que la première s’appuyait sur la technique dite de la « méthode de Proust » – faire remonter des souvenirs d’enfance – à travers le CPDSI, le centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam, la seconde, faisait, elle, appel à des salafistes pour contre argumenter le discours religieux des jeunes au sein de la Maison de prévention pour le familles, la MPF.

Ainsi le numéro vert mis à disposition par le gouvernement a longtemps renvoyé vers ces deux structures au bilan par ailleurs incertain. Aucune étude indépendante n’a en effet, à ce jour, permis de mesurer les résultats réels de ces méthodes. Les crédits de la MPF n’ont donc pas été renouvelés. Quant à Dounia Bouzar, de plus en plus critiquée, elle a déclaré qu’elle mettait fin à sa collaboration avec l’Etat à la suite du débat sur la déchéance de la nationalité. 

« La prévention de la radicalisation devient un business »

Plus globalement, la sociologue Ouisa Kies, qui pilote des programmes en prison, a regretté dans Libération que malgré les « cent une structures qui travaillent dans notre pays sur la déradicalisation (…) nous ne sommes mêmes pas capables de faire un état des lieux sur le sujet. Chacun se proclame expert, la prévention de la radicalisation devient un business.« 

Difficile par conséquent de savoir comment prévenir et plus encore comment déradicaliser, alors qu’une bataille fait rage de surcroît entre les tenants d’une « islamisation de la radicalisation », rangés derrière Olivier Roy, professeur d’université à Florence, et ceux qui estiment que l’origine de la violence se trouve dans le salafisme, et que sa compréhension passe par l’étude des textes. Une conception défendue par le politologue Gilles Kepel.

 

>>> Retrouvez l’intégralité de cette enquête dans le numéro de Marianne en kiosques.

Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou via  et Marianne sur Google Play

 

 

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