Le Parti socialiste et Europe Ecologie Les Verts ont décidé ce week-end de défendre le principe d’une primaire à gauche. Une manière surtout pour les deux partis de continuer à exister à quelques mois de la présidentielle.
Le conseil national du PS a entériné ce samedi 9 mars, à l’unanimité (sic), le soutien à l’organisation d’une primaire à gauche début décembre prochain. À une condition express : que les perdants à ces primaires s’engagent à soutenir quoi qu’il arrive le gagnant… Il faut bien faire comme si François Hollande allait accepter de se prêter à ce jeu-là, qui ressemble de plus en plus à un jeu de dupes.
Car, finalement, « une fois qu’on a dit ça, on n’a rien dit », ironise un leader de l’aile gauche du PS. En effet, curieuse prise de position qui voit les frondeurs du parti se retrouver sur la position du Premier secrétaire : « En fait, Cambadélis a surtout voulu donner l’impression que le parti n’était pas hostile à l’idée de primaire, parce que notre électorat la soutient largement. D’autant que cela permettra, le cas échéant, que François Hollande s’y présente, et de se couvrir si tout foire… ».
L’aile gauche du PS – et notamment les soutiens de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, qui s’est déjà déclarée candidate à une éventuelle primaire – souhaite surtout profiter de ce « débat » pour contester « le caractère automatique d’une candidature Hollande tout en faisant le bilan du quinquennat ». « Les primaires sont la moins pire des solutions pour continuer de débattre sur notre avenir », souffle un autre responsable du parti. Les primaires sont donc d’abord une manière pour le PS de continuer à exister dans un espace institutionnel – la Vème République – que François Hollande adore étouffer jusqu’à l’épuisement de ses adversaires.
Même topo du côté des écolos d’Europe Ecologie-Les-Verts, qui se sont également rassemblés ce samedi pour leur conseil fédéral (un conseil qui se déroulait au siège national de la CFDT à Paris (avec finalement peu de participants…). À cette occasion, les écologistes se sont prononcés en majorité – 57 voix contre 16 – pour l’organisation d’une primaire de toute la gauche : « accueil avec intérêt », souligne le texte voté. Dans ce parti encore traumatisé par le départ inopiné de leur ancienne patronne, Emmanuelle Cosse, pour un strapontin de ministre, les discussions sur des primaires à gauche permettent surtout de ne pas disparaître de la politique institutionnelle. Comme au PS, le consensus autour de cette question cache en réalité « un désarroi complet », selon une historique du parti écolo, sur le manque de dynamique politique à gauche, à l’heure où la rue se réveille à travers des expériences alternatives comme Nuit Debout, dans la suite de la contestation contre la loi travail.
« Les écolos veulent surtout continuer à compter dans la politique, nous explique ainsi une militante. Soit à travers la présidentielle, soit dans la rue, et pour cela la primaire peut être un outil comme un autre car elle permet de continuer à dialoguer avec nos partenaires. Finalement, on continue de jouer cette partie de poker soft sur la primaire pour ne pas se faire exclure du jeu politique. Il s’agit de ne pas insulter l’avenir, et de nous laisser le temps de débattre d’ici notre congrès en juin ». Finalement, au PS comme à EELV, chacun remet au tapis de la primaire (sans mettre beaucoup de mises), faute de mieux. Mais le petit maître du temps qu’est François Hollande ne devrait pas se réjouir trop vite : la « gauche » des écolos semble assez séduite à l’idée d’une candidature autonome qui serait portée par l’ancienne militante anti-nucléaire Michèle Rivasi, ou même par… Nicolas Hulot. Suite au prochain tour de table !
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