François Bayrou : "J’écoute ce que dit Mélenchon avec intérêt"

Le président du Modem et maire de Pau se raconte dans la revue « Charles ». Il revient sur ses années de solitude, ses combats et son avenir. Et veut surtout favoriser une majorité « centrale » avec des personnalités comme Manuel Valls, sans exclure pour autant… Jean-Luc Mélenchon.

François Bayrou ne se laisse pas dompter facilement. Alors qu’Emmanuel Macron a créé un mouvement politique « ni de droite, ni de gauche » « en marche » sur les plate-bandes du président du Modem, l’interview de ce dernier dans « Charles » résonne d’une façon étrange. Lorsqu’on lui demande avec qui il pourrait gouverner, une fois au pouvoir, il répond : « Manuel Valls, je pense que oui. Emmanuel Macron, je ne sais pas encore vraiment ce qu’il pense. Il semble souvent jouer un rôle à contre-courant de son gouvernement. »

Plus étonnant, sa vision de Jean-Luc Mélenchon : « Je vais peut-être dire quelque chose de bizarre pour le lecteur. J’écoute ce que dit Mélenchon avec intérêt. Nous avons des visions différentes mais je suis intéressé par ce qu’il est, ce qu’il représente et ce qu’il dit. Peut-être même est-ce réciproque ? Au lieu d’avoir une vie politique hégémonique, j’appelle de mes vœux un système politique pluraliste. »

2017 en ligne de mire

Le maire de Pau, battu dans son fief en 2012 alors qu’il avait soutenu François Hollande au second tour contre Nicolas Sarkozy, n’a pas tiré un trait sur ses ambitions. Il regarde ses années de solitude sans amertume. Et va même plus loin : « Ce n’est pas grave d’être seul, en tout cas pendant une période. Entre nous, je ne déteste pas ces années de confrontation. Je ne veux pas dire solitude car je n’ai jamais été seul, j’ai toujours été entouré, au moins d’un commando solidaire. Pas solitaire, solidaire. »

« Je ne me laisse pas menotter facilement »

Ce commanda l’emmènera-t-il vers une autre candidature à la présidentielle? Sur ce point, sa position est claire : François Bayrou refuse la primaire de la droite. Mais soutient tout de même le maire de Bordeaux : « Si Alain Juppé est choisi, je l’aiderai ; et si je peux, je l’aiderai à être choisi. Mais je ne veux pas être prisonnier d’une primaire qui donnerait un résultat différent de celui que j’estime bon pour la France. Participer à la primaire, à ma place et avec ma responsabilité, ce serait m’engager évidemment à en respecter le résultat. Et quand je m’engage, je suis fidèle. Si je le faisais, je serais menotté, et je ne me laisse pas menotter facilement. »

Pour autant, croit-il dans les chances de son poulain ? Ou attend-t-il sa défaite pour se présenter une quatrième fois à l’élection présidentielle ? « Juppé est la seule chance crédible de sortir du champ partisan dans lequel nous sommes. Si cette chance ne se réalisait pas, alors je prendrai mes responsabilités. Et ce sera intéressant. » Bayrou laisse donc la porte très ouverte. Dans un coin de sa tête, l’idée de peser pour faire renaître le centre, cette force politique éclatée depuis que l’UMP a tenté de réunir l’UDF et le RPR en 2002. L’ambition est donc immense. Et le chemin, pour le moins étroit…

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