Areva : le mari d'Anne Lauvergeon mis en examen pour délit d'initié

Mis en examen pour délit d’initié et blanchiment, le mari d’Anne Lauvergeon, Olivier Fric, devra notamment expliquer à la justice comment il a réalisé une plus-value de plus de 300.000 euros en investissant dans la société d’exploration minière Uramin quelques jours avant que celle-ci ne soit rachetée par le groupe alors dirigé par son épouse : Areva.

Le mari de l’ancienne patronne d’Areva, Olivier Fric, a été mis en examen mercredi 23 mars pour délit d’initié et blanchiment, selon une information du Parisien, dans le cadre du rachat controversé par Areva en 2007 d’Uramin, une société canadienne d’exploration minière possédant des gisements d’uranium en Afrique.

Un investissement considérable — 1,8 milliard d’euros — qui s’est révélé hasardeux à plus d’un titre pour le groupe d’Anne Lauvergeon, les mines s’étant notamment rapidement avérées inexploitables. En ce qui concerne Olivier Fric, les soupçons portent sur l’acquisition que ce dernier fait, entre le 18 mai et le 12 juin 2007, de plusieurs centaines de milliers de titres — 326.850 plus précisément — de la société Uramin à la bourse de Toronto à travers une des société immatriculée dans les paradis fiscaux dont il est l’un des ayant-droit.

Des actions qu’il revend aussitôt, le 20 juin 2007, soit quelques jours à peine après l’annonce officielle du rachat d’Uramin par Areva. Montant de la plus-value ? Plus de 300.000 euros. Un montant qui aurait atterri, d’après Le Monde, « sur un compte bancaire au Crédit suisse avant de rebondir au Liechtenstein puis à nouveau en Suisse sur des comptes liés à Olivier Fric ainsi qu’à la société International Trade and Finance dont il est l’un des associés. »

« Les liens du mariage ne prévoient pas que l’on partage les secrets »

L’opération intrigue bientôt au plus haut niveau. Dans une note datée du 31 juillet 2015, Tracfin, la cellule anti-blanchiment de Bercy, « envisage raisonnablement » (…) qu’Olivier Fric « ait disposé d’une information dont n’ont pas bénéficié les autres acteurs du marché boursier, pour en tirer un profit par l’entremise d’entités juridiques sous son contrôle ». Autrement dit, qu’il se soit rendu coupable d’un délit d’initié, pour lequel il devra désormais répondre devant la justice.

Interrogée à ce sujet, ce mercredi 30 mars dans les pages du Parisien, Anne Lauvergeon tente de dédouaner son mari : « C’est l’ex-associé de mon mari, un ancien trader, qui gérait les fonds de leur entreprise et décidait des placements ». Cet associé aurait donc fait « un grand nombre d’investissements, dans le secteur minier notamment« , et dans Uramin en particulier, « comme le recommandaient les analystes au premier semestre 2007 ». Elle-même n’aurait par conséquent joué aucun rôle dans l’affaire, assure-t-elle, puisque « les règles de confidentialité chez Areva étaient très strictes » et que « les liens du mariage ne prévoient pas que l’on partage les secrets… »

Seulement, le témoignage d’anciens cadres d’Areva, publiés par Libération en février dernier, laisseraient entrevoir une « immixtion » d’Olivier Fric « dans les dossiers » d’Areva, « plus ou moins entrée dans les moeurs » du groupe. Une « immixtion » confortée par la découverte de deux notes, lors d’une perquisition menée au domicile du couple. Retrouvées dans le « bureau » d’Olivier Fric et datées de 2007, elles évoquent selon Libé le risque que constitue le rachat d’Uramin… avant que ne soit conclu le deal.

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply