Abandon de la déchéance de nationalité : la satisfaction d'un pan de la gauche

François Hollande a finalement décidé d’abandonner la révision constitutionnelle annoncée en grande pompe en novembre. La faute en partie à ce fameux et fumeux article 2 sur la déchéance de nationalité. A gauche, ceux qui s’étaient levés contre cette disposition ne cachent pas leur soulagement et leur satisfaction.

Tout ça pour ça ! Après des mois d’un débat dont on ne voyait plus le bout, François Hollande a finalement pris la décision d’abandonner la révision constitutionnelle. Lui qui pensait prendre au piège l’opposition, en proposant de déchoir de leur nationalité les Français binationaux convaincus de terroriste, s’est finalement pris les pieds dans le tapis. Le piège tendu à la droite s’est refermé sur lui. Las ! Cette visée « tactique » du président de la République, en plus de donner une image déplorable, a eu une autre conséquence : fragiliser un peu plus sa gauche. Le débat sur la déchéance de la nationalité avait créé une véritable ligne de fracture, que ce soit à la gauche de la gauche (ce qui était attendu), mais aussi au sein de la majorité présidentielle. Une contestation qui avait dépassé largement le simple cadre de l’aile gauche du PS.

D’ailleurs, l’un des premiers socialistes à réagir sur Twitter est le député Alexis Bachelay, membre de l’ex-motion D du Congrès de Poitiers, qui ne cache pas son soulagement. 

La révision constitutionnelle n’aura pas lieu et c’est donc un retrait de fait, de la déchéance de nationalité. #enfin

— Alexis Bachelay (@ABachelay) 30 mars 2016

Christian Paul, le représentant des frondeurs du PS, lui, tire de son côté la leçon politique de cette déplorable séquence : « Quatre mois d’une infernale controverse : un fiasco politique qui a abîmé nos principes. Il était plus que temps de tourner la page. » Un argument de plus à mettre dans le besace de l’aile gauche du PS pour peser dans la vie interne du parti. Christian Paul expliquait déjà en décembre dernier au Figaro que le choix de l’exécutif était « une véritable faute politique » et que la déchéance « peut provoquer une fêlure irréversible à gauche. On déstabilise profondément la gauche socialiste et la gauche non socialiste ». A l’avenir, Jean-Christophe Cambadélis aura peut-être l’idée de tendre son oreille vers l’aile gauche de son parti, cela lui évitera d’avoir à s’excuser…

Quatre mois d’une infernale controverse: un fiasco politique qui a abîmé nos principes. Il était plus que temps de tourner la page.

— Christian Paul (@christianpaul58) 30 mars 2016

Les écologistes ne sont pas en reste non plus. Le nouveau secrétaire national d’EELV, David Cormand, y voit carrément une victoire politique : « Et paf la réforme constitutionnelle. Défaite pour le président de la République et le Premier ministre. Victoire pour la Republique et ses ‘grandes valeurs' », se réjouit-il sur le réseau social. Sergio Coronado, député écologiste des Français de l’étranger, dans un style plus lapidaire, se lamente : « Tout ça pour ça ! ». Quant à Pierre Januel, collaborateur du groupe écologiste à l’Assemblée nationale et très actif sur les réseaux sociaux, il se fait bien plus incisif. 

Après avoir divisé la France depuis 3 mois sur la déchéance, Hollande se pose en rassembleur des Français… C’est si risible.

— Pierre Januel (@PJanuel) 30 mars 2016

Et #Paf la #ReformeConstitutionnelle. Défaite pour le PR et le PM. Victoire pour la #Republique et ses « grandes valeurs ». #EELV

— David Cormand (@DavidCormand) 30 mars 2016

Tout ça pour ça! #congrès #revisionconstitutionnelle #decheance

— sergio coronado (@sergiocoronado) 30 mars 2016

A la gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon, l’ancien chef de file du Front de gauche en 2012, qui avait considéré sur RTL que « la déchéance est une honte », interpellant sans ménagement le président de la République : « François, cette fois-ci, ça suffit », s’est fait ironique en « remerciant » le chef de l’Etat d’avoir abandonné son idée. 

Mes futurs arrières petits enfants remercient François Hollande de renoncer à les discriminer. #DéchéanceDeNationalité

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 30 mars 2016

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