Hollande et la révision constitutionnelle : la débandade

Après des mois de débats et de « couacs », François Hollande a finalement renoncé ce mercredi 30 mars non seulement à la déchéance de nationalité mais aussi à toute révision constitutionnelle.

« J’ai décidé de clore le débat constitutionnel. (…) Un compromis parait hors d’atteinte. » Ce mercredi 30 mars, François Hollande a donc fermé ce qui restera comme l’une des séquences politiques les plus ratées du quinquennat Hollande. Le 16 novembre, dans des circonstances exceptionnelles, trois jours après les pires attentats qu’ait connu la France sur son sol depuis la deuxième guerre mondiale, le président de la République réunissait le Congrès à Versailles. Et emporté par l’ivresse de la triangulation, il annonçait une révision de la Constitution et, déshabillait le catalogue de proposition de la droite et de l’extrême droite, avec l’examen d’une éventuelle déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux. Une idée très populaire auprès des Français traumatisés. Au passage, il se payait de luxe d’un coup de pouce à celui qu’il aimerait affronter en 2017, Nicolas Sarkozy, défenseur, depuis le discours de Grenoble de juillet 2010 de cette notion de déchéance. 

Dans son discours à la sortie du conseil des ministres, François Hollande a rejeté la faute sur l’opposition :

« Je constate aussi qu’une partie de l’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu’elle porte sur l’état d’urgence ou même sur l’indépendance de la magistrature, je déplore profondément cette attitude car nous devons tout faire dans les circonstances que nous connaissons pour éviter les divisons et écarter les surenchères.« 

Reste que François Hollande a transformé ce qui aurait pu être de l’or politique, une mesure populaire volée à la droite, en plomb. Dans un enchainement de couacs, il a laissé faussement entendre à la gauche, Christiane Taubira en tête, qu’il allait finalement abandonner cette mesure dans la révision constitutionnelle. Celle qui était alors Garde des Sceaux avait d’ailleurs annoncé l’abandon de la mesure à la télévision algérienne. Las, in fine, François Hollande a décidé de se raccrocher à son coup politique. Des proches se sont offusqués : Julien Dray mais surtout Jean-Pierre Mignard, le patron de Témoignage Chrétien qui a fait entendre sa désapprobation à de multplies reprises. Depuis, François Hollande ne parle plus à son ami, assure un visiteur du soir du Président. 

Christiane Taubira a quitté le gouvernement avec fracas, il a fallu trouver un compromis avec les députés, pour qu’une version très modifiée de l’intention de départ soit adoptée à l’Assemblée : la déchéance pour tous les terroristes, binationaux ou non. Le Sénat n’a pas voulu en entendre parler, votant un texte très modifié, réservant, comme Hollande l’avait annoncé au départ, la déchéance aux bi-nationaux, pour ne pas créer d’apatrides. Depuis, c’est le blocage. Et la nécessité pour François Hollande de renoncer pour la troisième fois, après la réforme du Conseil supérieur de la magistrature et la ratification de la charte sur les langues régionales, à une révision constitutionnelle. Beaucoup de dégâts pour rien.  

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