Le parc Marineland assigné en justice pour maltraitance animale

Sale temps pour Marineland. Tout juste rouvert après avoir fermé 5 mois à cause des violentes intempéries qui ont affecté la région PACA, le parc aquatique, célèbre pour ses spectacles avec orques et dauphins, fait l’objet d’une enquête préliminaire. Des associations luttant contre la captivité des cétacés ont en effet déposé une plainte pour « actes de cruauté » et « maltraitance envers les animaux ». Une assignation en justice s’est ajoutée à cette plainte ce 27 mars.

>> Cet article a été publié une première fois le 10 mars.

Des orques qui exécutent des sauts périlleux sur une musique assourdissante digne d’une discothèque de station de ski : si vous êtes déjà passé par Antibes et son célèbre Marineland, vous connaissez le principe. Depuis toujours, l’argument rabâché par les dirigeants de ce parc aquatique très lucratif – 37 millions de chiffre d’affaires en 2014 -, veut que les animaux participent à ces « shows » par plaisir. Depuis Sauvez Willy, on avait quelques doutes… Aujourd’hui, l’étau se resserre très franchement : une plainte a été déposée contre Marineland pour « actes de cruauté » et « maltraitance », et une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet du tribunal de Grasse.

[Edit 27 mars] Ce dimanche c’est l’association écolo Sea Shepherd qui a annoncé lors d’une conférence de presse avoir assigné Marineland devant le tribunal correctionnel pour «maltraitance animale» et «pollution volontaire». Une audience doit avoir lieu en septembre prochain. Un rassemblement de 250 à 400 personnes a également eu lieu devant les portes du parc pour dénoncer « les conditions de vie des animaux sauvages en captivité ».

1 400 tours de bassin chaque jour 

Edentés, rendus aveugles par le chlore, blessés par leurs congénères ; d’après les associations ayant porté plainte (Réseau Cétacés, C’est Assez ! et Aspas), la réalité est bien loin du discours officiel qui voudrait que les animaux détenus soient au comble du bonheur. « 1 400 tours de bassin chaque jour sont nécessaires à une orque pour parcourir la même distance que l’animal devrait faire s’il vivait en milieu naturel », affirme Sandra Guyomard, présidente du Réseau Cétacés. De quoi devenir dingue ?

En 2013, le documentaire américain Blackfish, diffusé en France sur Arte l’année suivante, révélait en effet que la captivité déclenche de graves psychoses chez les orques. En 2010, en plein spectacle au parc de Seaworld en Floride, l’orque Tilikum attaquait mortellement sa dresseuse, Dawn Brancheau. Le parc avait beau soutenir que l’orque avait attrapé la queue de cheval de la jeune femme « pour jouer », le rapport d’autopsie révélé par le documentaire laisse plutôt penser à une mise à mort pure et simple. Scalpée et lacérée, victime de fractures des vertèbres et de dislocations variées, les médecins légistes précisent que le bras de la victime n’a jamais été retrouvé. Dans les mois suivants la diffusion du film, le titre Seaworld a perdu 30 % de sa valeur en bourse.

Manifestations

En France, les manifestations devant le parc Marineland se sont multipliées au cours de l’été 2015. En juillet, John Hargrove, ancien dresseur en chef à SeaWorld et témoin à charge dans le documentaire Blackfish, a même fait le déplacement jusqu’à Antibes en soutien des associations anti-captivité. Il a également apporté son témoignage à la plainte déposée au tribunal de Grasse. Une ancienne stagiaire du parc animalier affirme pour sa part que les animaux sont affamés plusieurs heures avant les représentations pour les inciter à la docilité. D’après les témoignages, à Marineland aussi, cinq orques auraient déjà agressé leur dresseur.

Depuis octobre 2015, le parc aquatique était fermé. Les violentes intempéries qui se sont abattues sur la région PACA ont engendré une vague de boue qui a sévèrement endommagé les installations, et notamment les bassins. « La direction n’a jamais communiqué sur les conditions de vie des animaux depuis les inondations, s’alarme Christine Grandjean, présidente de l’association C’est Assez ! Il n’y a eu aucune photo des bassins, on ne sait pas si les cétacés sont morts ou vivants ». Sauf pour Valentin, une orque de 19 ans, dont le parc annoncé le décès. Le parc a rouvert le 21 mars.

Pour les militants, cette plainte est avant tout l’occasion d’alerter l’opinion publique sur le principe même d’enfermer des animaux de cette taille, et dont les pratiques sociales sont très sophistiquées, dans des bassins ridiculement petits. « La première des violences, c’est la captivité, martèle Christine Granjean. La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a promis de modifier la legislation. Nous allons le lui rappeler ! ». Contacté par Marianne, le cabinet de la ministre n’a pas encore livré d’information sur les intentions de Ségolène Royal. En Europe, quatorze pays ont déjà interdit les delphinariums.

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