Découvrez Valérie "viscéralement féministe" Pécresse

C’est l’ENA qui l’a rendue féministe, jure-t-elle dans un entretien au « Monde ». Celle qui est désormais présidente LR de la Région Île-de-France se souvient que c’est Jacques Chirac, le premier, qui l’a poussée à s’engager. «Il faut que vous soyez la Ségolène Royal de demain», disait-il.

Si la présidente LR de la région Île-de-France n’avait qu’un mentor, ce serait Jacques Chirac. C’est à lui qu’elle envoie une lettre, en 1997, pour travailler à ses côtés à l’Élysée. Un choix plutôt courageux puisqu’à l’époque, le président est au fond du trou, plombé par une dissolution qui l’oblige à nommer Lionel Jospin à Matignon. Aux côtés de Chirac, Pécresse apprend « toute la politique », comme elle le détaille dans un entretien au Monde, paru ce dimanche 27 mars.

Elle vante ainsi sa « capacité d’écoute et d’empathie, cette faculté à donner à son interlocuteur le sentiment qu’il est le seul qui compte. Dès le premier rendez-vous, il me dit: «Il faut penser à la politique. On n’a pas de femmes. Il faut que vous soyez la Ségolène Royal de demain.» »

L’ENA l’a rendue « féministe »

Et bien sûr, qui dit Ségolène Royal dit… féminisme. Biberonnée à Sainte-Marie de Neuilly dès l’âge de cinq ans, Valérie Pécresse jure que c’est en classe de 1ère qu’on a commencé à la renvoyer à son « statut de fille, nécessairement destinée aux études littéraires« . « Orgueilleuse », elle se plonge dans les bouquins et décroche son bac avec mention bien. Ensuite, direction la prépa à Versailles, avec « 80% de garçons »: « Les filles se faisaient renvoyer si on les trouvait dans la chambre d’un garçon, ou même si un garçon venait dans leur chambre. C’étaient évidemment elles, l’élément perturbateur. Je découvrais mon nouvel univers. Un monde d’hommes. Celui aussi de l’ENA et de la politique. Cela m’a rendue viscéralement féministe. »

À l’ENA, on la surnomme “jeune et jolie“

Dans cette fabrique de l’élite républicaine française, on la surnomme « jeune et jolie » (c’est le nom d’un magazine féminin de l’époque, créé en 1987 et destiné aux filles âgés de 15 à 24 ans). Mais plus tard, ce sera pire, puisque Jean-Paul Huchon, son prédécesseur socialiste à la région, l’appelle « la blonde »:

« Il y a un an, quand j’ai décroché l’investiture aux régionales d’Ile-de-France, pour lesquelles j’étais la candidate naturelle, comme leader de l’opposition, certains membres de mon parti ont fait le tour des députés de la région. On n’allait tout de même pas investir une nana ! »

Plus loin, elle ajoute : « Cette misogynie est intégrée par le système médiatique« , estime-t-elle. « Un homme qui fait une gaffe? Il fait une gaffe. Une femme? C’est une gourde. Un homme qui s’énerve a du caractère. Une femme? C’est une hystérique. Non seulement cela n’évolue pas, mais j’ai le sentiment d’une régression. »

« Rien de tel qu’une femme pour faire le ménage ! »

Ce n’est pas inhabituel chez Pécresse de mettre en avant son féminisme et son combat contre le machisme en politique. Invitée du Supplément en avril 2015, elle tentait même une métaphore un peu osée pour défendre l’intérêt des femmes en politique : « C’est vrai qu’en politique on aime que – surtout les filles – on aille à la télé, qu’on envoie des vannes, qu’on fasse le buzz, etc … C’est pas moi. On aime bien que les femmes soient le grain de sel en politique. Moi je ne crois pas que les femmes soient le grain de sel ou le beurre dans les épinardsMoi je pense que les femmes ce sont les épinards, les femmes c’est le plat de résistance. » Décalé !

Mais Pécresse a aussi eu ses « couacs » en féminisme. Lors de la campagne pour la présidence de région, et alors qu’elle est train de nettoyer un ancien camp de roms à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, elle lance aux caméras, pelle et gants à la main: “Rien de tel qu’une femme pour faire le ménage ! » Elle assumera quelques mois plus tard, assurant qu’il ne s’agissait nullement d’une vanne. 

Toujours est-il que Valérie Pécresse n’est pas la seule à défendre ces positions à droite. Parmi elles, Nathalie Kosciusko-Morizet a même choisi le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, pour annoncer sa candidature à la primaire de 2016. Une initiative qui avait d’ailleurs coincé côté Rachida Dati, son éternelle rivale à Paris et à l’image également très féministe. La pique était tombée dans l’oreille de Marianne : « Elle n’a jamais défendu une femme dans son parcours politique, mais s’est toujours servie de la cause des femmes quand elle était en difficulté ». La frontière entre féminisme réel et instrumentalisation du féminisme est parfois tenue. 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply